La conférence de l'OMC à Seattle : Un instrument des trusts impérialistes03/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1638.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La conférence de l'OMC à Seattle : Un instrument des trusts impérialistes

La conférence ministérielle de l'Organisation Mondiale du Commerce, l'OMC, s'est ouverte le 30 novembre à Seattle. Mais malgré un mois entier de discussions à Genève, les pays industrialisés qui en sont les maîtres du jeu n'avaient toujours pas réussi à se mettre d'accord sur un ordre du jour pour la conférence elle-même et encore moins pour le " cycle du millénaire ", c'est-à-dire les négociations dont cette conférence doit marquer l'ouverture.

Les puissances impérialistes ont en effet chacune leur propre ordre du jour. L'impérialisme américain, qui voudrait bien pouvoir écouler ses surplus agricoles, demande la remise en cause des subventions d'Etat à l'agriculture, ce dont l'Union européenne ne veut pas entendre parler. A l'inverse, l'Europe souhaite que l'OMC prenne en charge la réglementation de la concurrence, afin de déjouer les lois grâce auxquelles les USA protègent leurs propres productions contre la concurrence " déloyale " - ce dont les USA ne veulent pas entendre parler, évidemment. Et ce ne sont là que quelques-uns des sujets qui alimentent le contentieux entre les partenaires impérialistes.

Mais par-delà les rivalités qui les opposent, il y a au moins une chose sur laquelle les puissances impérialistes sont unanimes - leur volonté d'imposer leur loi au reste de la planète.

Car c'est bien là le principal objet de la prétendue libéralisation du commerce que l'OMC a pour but d'instaurer à l'échelle de la planète. La suppression des obstacles de tous ordres au commerce est avant tout nécessaire pour mettre de l'huile dans les rouages de l'économie mondiale au profit des plus puissants et tenter d'y injecter un certain élément de rationalisation. Seulement, dans le cadre de l'économie capitaliste, où c'est la loi du plus fort qui prévaut et non celle de l'intérêt collectif, on n'est pas certain que les " forts " arriveront à se mettre d'accord. Mais on est sûr en revanche que ce sont les plus faibles, c'est-à-dire les économies et les populations des pays pauvres, qui feront les frais de cette prétendue rationalisation.

Pour les pays pauvres ou même intermédiaires, cette libéralisation revient à renoncer aux maigres protections qu'offrait pour leur économie le recours aux barrières douanières, voire aux subventions d'Etat. Car leurs économies sont bien incapables de résister à la puissance des trusts impérialistes. Faute de pouvoir faire face à une telle concurrence, leurs industries nationales sont vouées à la faillite ou à se faire absorber par les prédateurs. Et c'est ainsi que, sous couvert de l'OMC, le pillage des pays pauvres par les trusts impérialistes - qui est aussi vieux que l'impérialisme lui-même, bien sûr - se trouve en quelque sorte légalisé et facilité.

Mais en plus, comme l'OMC a étendu sa compétence bien au-delà du seul commerce, ses réglementations offrent de nouveaux champs de pillage aux trusts impérialistes. Ainsi la réglementation internationale des brevets d'invention dans le cadre de l'OMC peut-elle devenir une arme contre les populations des pays pauvres. La société américaine RiceTec, par exemple, a déposé en 1997 un brevet lui donnant l'exclusivité du riz de type basmati sur l'ensemble de l'hémisphère occidental. Tant pis pour les millions de paysans indiens qui cultivent le riz basmati depuis des générations. Leurs droits de fait sur ce type de riz ne sont pas reconnus par l'OMC.

Quant à ceux, dont les Etats Unis (mais ils ne sont pas les seuls) qui prétendent conférer à l'OMC un caractère " social ", en introduisant dans les accords commerciaux des clauses contre le travail des enfants, par exemple, ils se moquent du monde. Car si tel était l'objectif des puissances impérialistes, rien n'empêcherait leurs trusts d'utiliser leur poids économique considérable dans les pays pauvres pour lutter contre l'exploitation de l'enfance, à commencer par leurs propres usines et celles de leurs nombreux sous-traitants - ce qui est loin d'être le cas comme l'a montré le scandale autour des usines Nike en Asie du sud-est.

Alors, quand les partisans de l'OMC vantent le caractère " civilisateur " et " bénéfique " de cet organisme pour la population mondiale en général et celle des pays pauvres en particulier, on ne peut que rapprocher leurs propos de ceux des colonisateurs d'antan. Les méthodes de l'impérialisme peuvent bien changer, mais pas ses objectifs de pillage.

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