Hôpital Saint-Louis (AP-HP Paris) : En grève contre la mobilité et la flexibilité03/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1638.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Saint-Louis (AP-HP Paris) : En grève contre la mobilité et la flexibilité

Trop, c'est trop. C'est le sentiment que l'on ne peut plus continuer à travailler dans les conditions actuelles qui est à l'origine de la grève qui se développe depuis lundi 22 novembre dans tout l'hôpital Saint-Louis à paris.

Dans les services de soins, c'est le refus des déplacements d'un service à l'autre, d'une équipe à l'autre, ceux de jour à qui on demande de faire de la garde, ou inversement. C'est le refus des repos hebdomadaires déplacés parce qu'«il manque du monde». Et puis ce sont les repos récupérateurs de jours fériés travaillés que l'on ne peut jamais poser, parce qu'il n'y a jamais assez de monde présent, ou les formations que l'on ne peut pas prendre pour les mêmes raisons, comme par exemple en radio, où du nouveau matériel est arrivé mais où on ne peut pas apprendre à s'en servir. La façon aussi par laquelle l'encadrement obtient ces déplacements est devenue insupportable: appel au domicile (y compris pendant des congés annuels), menaces de rapport, chantage au malade ou au collègue que l'on met en difficulté. Ces déplacements se faisant bien souvent au mépris du règlement, c'est par ces façons que l'encadrement gère ses plannings. La cause commune du mécontentement dans tous les services, administratifs, ouvriers et hospitaliers, c'est le manque de personnel qui s'est aggravé depuis 3 ou 4 ans.

Le jeudi 18 novembre, une assemblée générale était convoquée par l'ensemble des syndicats. Une centaine d'agents de toutes les catégories y participèrent. Là, un service annonça qu'il avait déjà décidé de se mettre en grève. Le principe de la grève à partir du lundi suivant fut adopté par acclamation.

La grève s'est installée progressivement et s'est renforcée tout au long de la semaine. Dès le lundi, les cadres qui s'étaient réunis à part du personnel, votaient à la quasi-unanimité le principe de la grève, annonçaient leur refus de transmettre les listes nominatives des grévistes, le boycottage de toutes les réunions programmées et de toutes les formations obligatoires. Les médecins, pour leur part, ne se sont pas mis en grève, mais collaborent à la baisse d'activité sur l'hôpital et à la mise en place du service minimum.

Un piquet de grève est installé dans le hall, lui-même décoré par des banderoles et dés lits descendus des services. Les grévistes refusent les assignations qu'ils ne signent pas, mettent en place le service minimum eux-mêmes par service. Chaque jour, les services font descendre au piquet de grève le pourcentage de grévistes par équipe (la plupart déclarent 80 à 100%) avant l'assemblée générale qui réunit jusqu'à 300 personnes à la fin de la première semaine de grève. Chaque service s'efforce en plus de débrayer une heure par équipe, les médecins se chargeant des malades.

La direction de l'hôpital, quant à elle, a reçu la visite de plusieurs centaines de grévistes. Elle se contente de déclarer qu'elle n'y peut rien, que c'est à la direction de l'Assistance Publique que cela se décide. Mais elle tente en même temps par la menace de reprendre le contrôle de l'encadrement, en le menaçant de lui faire porter le chapeau en cas d'incident.

Mardi 30 novembre, les travailleurs de l'hôpital se sont retrouvés à près de 300 devant le siège de l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) pour être reçus. Étaient là aussi quelques dizaines de collègues de Saint-Antoine, en majorité des Urgences qui sont toujours en grève. Personne n'a été reçu.

La direction de l'AP s'est contentée d'envoyer quelqu'un descendre prendre note de nos doléances sur le trottoir.

Si certains espéraient au début que le gouvernement avait simplement « oublié » que l'on soigne avant tout avec des moyens humains, et qu'il suffisait de se montrer pour qu'il comprenne, de plus en plus nombreux sont ceux qui réalisent qu'en s'opposant aux déplacements, à la mobilité, qu'en réclamant de l'embauche, les grévistes s'opposent à une politique qui dépasse lar-gement le cadre de l'hôpital, qui dépasse même le cadre de l'AP et qui concerne le gouvernement.

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