Cégélec (Nanterre, 92) : Non aux licenciements pour fait de grève !03/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1638.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cégélec (Nanterre, 92) : Non aux licenciements pour fait de grève !

A Cegelec Nanterre, la direction a choisi la manière forte pour se venger de la grève qui a paralysé l'agence pendant dix jours en octobre dernier (voir LO n'1631 et n'1632).

Rappelons que plus d'une centaine d'ouvriers étaient entrés en lutte contre la suppression d'une prime d'outillage équivalant à 3 % de leur salaire, et plus généralement pour le maintien des accords SERCE, dénoncés par le patronat de l'équipement électrique, qui garantissent depuis 30 ans le paiement à 200 % des heures de nuit, des indemnités de déplacements, des primes de salissure, de panier repas... Face à l'intransigeance des patrons, les grévistes n'ont eu d'autre choix que d'occuper jour et nuit les locaux de l'agence, jusqu'à leur expulsion par les forces de l'ordre le 11 octobre au matin. Pour mettre fin à la grève qui menaçait de se propager à d'autres agences de Cegelec, la direction convoqua 13 grévistes pour entretien préalable au licenciement.

Le 21 octobre, elle licenciait pour faute lourde (et pour l'exemple) un travailleur du rang, non syndiqué, père de 4 enfants, reconnu pour ses capacités et sa conscience professionnelle depuis 17 ans, et qui vivait là sa première grève. Enfin, la direction demandait à l'inspection du travail d'autoriser le licenciement de 3 délégués CGT. Cette répression patronale à l'encontre de travailleurs qui n'avaient que le tort de contester par la grève la remise en cause de leur salaire provoqua dans un premier temps un profond malaise parmi les grévistes. Lors des discussions qui s'en suivirent, une grande majorité d'entre eux disaient pourtant que, s'il fallait recommencer, ils feraient la même chose.

Forts du soutien de nombreux collègues de l'agence, y compris de plusieurs dizaines d'employés et techniciens qui pour la première fois ont arrêté le travail pendant une heure en solidarité, ayant par ailleurs reçu de nombreuses motions, pétitions et collectes de soutien de la part d'autres travailleurs de Cegelec ou d'Alstom, les grévistes de Nanterre mènent depuis fin octobre le combat pour l'arrêt des procédures de licenciements. Ils ont ainsi décidé d'oeuvrer à la constitution d'un comité de soutien, composé de militants syndicaux, politiques ou associatifs s'engageant à contribuer à l'action pour obtenir la réintégration des 4 licenciés.

La mobilisation contre l'arbitraire patronal a déjà fait reculer la direction. Licencié le 21 octobre, le camarade non protégé par un mandat électif était réintégré le 15 novembre. Par ailleurs, l'inspection du travail a d'ores et déjà refusé deux des trois licenciements des délégués, le troisième restant à ce jour en mise à pied en attente d'un complément d'enquête.

Ces reculs successifs d'une direction de combat sont le signe que la peur commence à changer de camp. Les grévistes en sont conscients qui, s'ils constatent que la grève n'a pas permis d'obtenir satisfaction sur les revendications pour le moment, n'en restent pas moins déterminés à ne rien lâcher sur la feuille de paye.

D'aucuns se disent que cela pourrait bien repartir de plus belle et beaucoup plus nombreux dès le début de l'an prochain, une fois que chacun aura pris connaissance de son augmentation de salaire annuelle, et lorsque les directions des agences de Cegelec tenteront d'une manière ou d'une autre de faire passer la pilule de l'abandon des accords SERCE avec les amputations de salaire qui y sont liées.

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