Peugeot : Insatiable !26/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1637.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot : Insatiable !

La dégradation des conditions de travail suite au passage aux 35 heures début novembre ne s'est pas fait attendre à Peugeot-Sochaux. Sous des prétextes divers, les directions d'atelier ont recalculé les gammes de travail de sorte qu'en étant présents à l'usine 21 minutes de moins chaque jour, les ouvriers de fabrication font autant de pièces ou d'opérations, voire davantage, qu'avant le passage aux 35 heures.

Dans un secteur d'outillage où la direction d'usine fait travailler les samedis en heures supplémentaires, les ouvriers viennent de calculer que non seulement ils perdraient entre 106 et 150 F par semaine, mais que la partie de leur paie due aux heures supplémentaires ne leur serait plus versée à la fin du mois, mais à la fin de l'année suivante !

Poussant plus loin l'organisation de la flexibilité pour l'an 2000, la direction de Peugeot-Citroën prépare le fractionnement des quatre semaines de congés payés, de façon, dit-elle, à pouvoir fabriquer 55 000 voitures supplémentaires en période de forte demande. La perspective de n'avoir que trois semaines de congés payés groupées l'été, une quatrième semaine prise selon les possibilités évaluées par la maîtrise et les directions d'usines, et une cinquième semaine d'hiver qui pourrait elle aussi changer pour permettre à l'usine de fonctionner fin décembre 2000, fait mesurer à quel point Peugeot se croit libre d'imposer toujours plus de flexibilité.

L'avis des travailleurs de production est en train d'être recueilli par les militants CGT dans plusieurs usines du centre de Sochaux. Sur plusieurs milliers d'ouvriers consultés, plus de 95 % sont pour le maintien des quatre semaines de congés payés consécutives. En principe, la loi ne permet à un patron de fractionner les quatre semaines de congés payés que s'il a l'accord du salarié. Mais Peugeot semble profiter de la situation pour annoncer qu'il envisage de toute façon d'arrêter sa production seulement trois semaines l'été prochain.

" Merci Martine Aubry ", commentait un travailleur dans un vestiaire où des militants CGT organisaient leur consultation. Mais si le patronat a le soutien du gouvernement pour faire reculer les travailleurs, il risque aussi de faire exploser un mécontentement contenu depuis bien longtemps.

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