Parlement européen : Le compte-rendu des députés LO-LCR26/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1637.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Parlement européen : Le compte-rendu des députés LO-LCR

Pendant les deux sessions qui se sont succédé au Parlement européen, l'une à Bruxelles les 3 et 4 novembre, l'autre à Strasbourg du 15 au 19 novembre, les questions discutées allaient des émissions de CO2 des voitures neuves aux contrecoups de la " guerre du boeuf " entre l'Angleterre et la France, en passant pêle-mêle par la participation de l'Union européenne aux négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce, la lutte contre la drogue, la réforme des institutions européennes, ou encore, la Tchétchénie. Il y a eu également des débats sur des questions concernant directement la situation des travailleurs : la politique de l'emploi ou l'aménagement du temps de travail.

Des débats tout terrain mais dont la portée est différente. Autant les discussions touchant de près ou de loin la concurrence peuvent être concrètes et précises, autant celles sur l'emploi ou les conditions de travail sont vides et celles sur les questions politiques, velléitaires.

Dans le cadre des temps de parole d'une minute qui nous sont chichement impartis, sur des sujets que nous n'avons pas toujours choisis, Roseline Vachetta est intervenue sur l'aménagement du temps de travail. Certaines directives européennes, au lieu de représenter un progrès constituent un recul, " la législation de certains Etats membres étant plus avancée ". Elle a dénoncé en particulier celle autorisant le travail de nuit des femmes. Tout comme Armonie Bordes dans le débat sur la " violence envers les enfants, les adolescents et les femmes ". Pour elle " obliger des femmes, des mères de famille, à travailler de nuit sur des chaînes de production... pour augmenter les profits des actionnaires " est une forme de violence, la " première des violences " étant cependant " la gravité du chômage ". Dans le débat sur le financement des institutions européennes, Chantal Cauquil s'en est prise aux impôts indirects qui obligent même les salariés les plus mal payés et les chômeurs à participer à ce financement. Alain Krivine de son côté a dénoncé le projet dit Eurodac et la répression policière qu'il entraîne, prévoyant le fichage informatisé des empreintes digitales des demandeurs d'asile, parce que cela " viole la protection due aux réfugiés ". Arlette Laguiller a repris à son compte la demande d'une organisation iranienne adressée au Parlement européen de prendre position pour la libération immédiate des étudiants arrêtés après les manifestations de juillet dernier et dont certains ont été condamnés à mort. N'ayant pas obtenu de temps de parole, nos camarades ont par ailleurs fait des explications de vote par écrit pour prendre position contre la guerre menée par l'armée russe en Tchétchénie, ou encore pour dénoncer la promotion de l'industrie nucléaire.

Pourquoi nous avons refusé d'écouter Solana

Dans le cadre de la discussion sur la défense européenne, le Parlement européen avait droit à la visite de Javier Solana. A son arrivée nos élus ont quitté l'hémicycle en compagnie de trois députés du Parti Communiste grec. Dans le communiqué ci-dessous nous avons expliqué les raisons de notre geste. Un certain nombre d'autres députés, membres du PDS allemand, de Izquierda Unida espagnole, des deux Partis Communistes italiens, du Parti Communiste grec, du Parti Socialiste hollandais et du parti basque EH, se sont associés à notre démarche en le signant.

Les députés soussignés viennent de quitter l'hémicycle pendant l'intervention de M. Javier Solana. Nous voulons ainsi rappeler notre indignation face aux bombardements meurtriers de l'OTAN qui ont frappé Serbes et Kosovars. Notre geste de protestation vise, par-delà sa personne et la politique qu'il avait incarnée, les représentants de ces grandes puissances dont il avait été le porte-parole, de Clinton à Blair, en passant par Jospin-Chirac et Schroeder, tous coupables d'avoir puni tout un peuple pour les crimes commis par ses dirigeants.

A la politique de la canonnière et de l'ingérence militaire, nous opposons la solidarité avec les peuples en lutte pour leur liberté.

Le bilan de M. Solana comme secrétaire général de l'OTAN lui vaut aujourd'hui une cynique promotion au sein de l'UE, secrétaire général du Conseil et haut représentant pour la PESC (Politique étrangère de sécurité commune).

C'est pourquoi, tout en condamnant la politique d'épuration ethnique de la dictature de Milosevic, nous refusons de cautionner l'investiture que Javier Solana a gagnée au bout du fusil.

Strasbourg, le 17 novembre 1999

L'Europe et l'Organisation mondiale du commerce (explication de vote)

La délégation européenne aux négociations de l'OMC se pose en défenseur des intérêts de l'Europe. Elle n'est que le représentant des industriels et des groupes financiers les plus puissants de l'Union européenne, rivaux des trusts américains ou japonais dans la mise en coupe réglée de la planète, mais tous exclusivement préoccupés d'accroître leurs profits au détriment des travailleurs de leurs propres pays et sur les peuples des pays pauvres.

En évoquant les " droits fondamentaux des travailleurs " et leur " protection plus spécialement dans les pays pauvres ", le rapport Schwaiger ajoute une dose de cynisme à tout le reste. Mais où est la protection des travailleurs, en particulier contre le drame du chômage, même dans les pays les plus riches de l'Union européenne, ceux précisément qui auraient largement les moyens d'éradiquer le chômage, si leurs gouvernements n'avaient pas pour principale préoccupation le profit des grandes entreprises et l'enrichissement de leurs propriétaires et actionnaires ? Et quant à la prétention de s'intéresser aux conditions inhumaines de travail et de salaires dans les pays sous-développés, elle est pure hypocrisie. Nombre de multinationales qui emploient, en Afrique ou en Asie, une main- d'oeuvre quasiment pas payée et ne bénéficiant d'aucune protection sociale, ont leur siège en France, en Allemagne ou en Angleterre. Au lieu de les obliger à respecter un minimum de lois sociales, on se contentera d'inviter en observateurs quelques fonctionnaires de l'OIT aux négociations de l'OMC.

Nous ne voterons, ni n'amenderons le rapport présenté, car c'est l'organisation capitaliste de l'économie, avec ou sans OMC, qui est fondamentalement non amendable.

Arlette LAGUILLER, Armonie BORDES, Chantal CAUQUIL

Intervention de Roseline Vachetta sur l'OMC (session plénière du 17 novembre 1999)

L'OMC, créée pour accélérer la libéralisation des échanges, est devenue un des piliers essentiels du nouvel ordre international. Non seulement elle accompagne la mondialisation, mais elle s'attache aussi à lui donner forme et force de loi afin d'imposer la dictature des marchés.

L'OMC contribue activement à l'aggravation des politiques néolibérales, aux attaques contre les services publics, les droit sociaux ou environnementaux dans tous les domaines - l'emploi, la santé, la sécurité alimentaire, la propriété du vivant, etc.

La délégation européenne à Seattle s'inscrit dans la logique libérale. Elle prône l'extension des pouvoirs de l'OMC, ce que refusent totalement les associations et organisations mobilisées pour réclamer un bilan des cinq dernières années de l'OMC, et un moratoire sur les prochaines négociations.

Nous soutenons cette démarche, premier pas vers une remise en cause radicale de l'ordre international capitaliste. C'est pourquoi nous ne voterons pas le rapport Schwaiger.

Pacte européen pour l'emploi et mots creux (intervention d'Arlette Laguiller en assemblée plénière à Bruxelles le 3 novembre 1999)

Le chômage, complet ou partiel, est un drame humain pour des millions de familles. C'est une catastrophe sociale même dans les pays d'Europe qui prétendent compter le moins de chômeurs. Et voilà que le Conseil des ministres de Cologne comme la Commission européenne se contentent de se gaver de mots en parlant de " Pacte européen pour l'emploi " ou de " lignes directrices pour l'emploi 2000 ".

Mais les mesures envisagées sont ridicules eu égard à l'ampleur du problème ! Le bouquet, c'est qu'on a le cynisme d'invoquer le chômage pour donner encore de l'argent au patronat. Les 500 millions supplémentaires que la Banque européenne est invitée à débloquer sous le prétexte d'encourager la création d'emplois, ainsi que le milliard pour les PME des hautes technologies, seront officiellement destinés à l'investissement.

Je veux prendre un exemple récent, parmi tant d'autres, de ces grandes entreprises qui licencient lorsqu'elles réalisent des profits élevés : le trust ABB Alstom Power se prépare à supprimer un grand nombre d'emplois dans plusieurs pays de l'Union européenne : en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie, en Suède, sans même parler d'autres pays d'Europe ou du monde.

Pourquoi donc la Commission européenne n'use pas de son autorité pour s'opposer aux suppressions d'emplois de ce genre ?

Elle décide d'un nombre incalculable de directives qui ont force de loi dans les domaines qui touchent à la concurrence. Comment comprendre son refus de réagir contre l'attitude humainement et socialement irresponsable des grandes entreprises, si ce n'est qu'elle sert exclusivement les intérêts de ces grandes sociétés et qu'elle n'a que des mots de consolation pour les chômeurs ?

Explication de vote de Roseline Vachetta et Alain Krivine sur le rapport Menrad (session des 3-4 novembre 1999)

Nous votons contre les lignes directrices pour l'emploi issues du rapport Menrad mettant les politiques des Etats en subordination totale aux "grandes orientations politiques économiques" du Pacte de stabilité. C'est donc l'emploi et le social qui se trouvent au service de l'économie, et non l'économie au service du bien-être social. Par conséquent, la philosophie de ces lignes directrices est clairement libérale. C'est-à-dire qu'elles visent à rendre les marchés du travail plus flexibles, à baisser davantage encore les coûts du travail, à retarder l'âge de la retraite, à priver les chômeurs d'indemnités.

Tout cela accroîtra considérablement le nombre de travailleurs pauvres, principalement parmi les plus âgés et les femmes. Nous refusons cette logique, inspirée du modèle britannique.

En revanche, en ce qui nous concerne, nous soutiendrons toutes les initiatives européennes des associations de chômeurs et de salariés visant à redistibuer la richesse produite de manière plus juste.

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