ELM Leblanc : Le plan de licenciements ne passe pas, la direction joue les prolongations26/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1637.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ELM Leblanc : Le plan de licenciements ne passe pas, la direction joue les prolongations

C'était jeudi 18 novembre que pour la direction d'ELM Leblanc devait s'achever la procédure légale préalable aux licenciements. Ce jour-là devait se tenir la dernière des réunions obligatoires de consultation du Comité d'entreprise. Après quoi, quel que soit l'avis des représentants du personnel au CE, avis évidemment négatif tant sur le projet de suppressions d'emplois que sur les mesures du plan social, la direction n'avait plus qu'à expédier son plan à l'administration et, quelques jours plus tard, pouvait commencer à envoyer les lettres de licenciement.

Mais si la loi prévoit que l'avis du CE ne compte pas, seule sa consultation étant obligatoire, la colère des travailleurs compte. Et la direction a dû une fois de plus marquer le pas.

Après les manifestations des mois de juin et juillet, qui avaient suivi l'annonce du pro jet de licenciements, puis les coups de colère et rassemblements à l'usine qui se sont suc

cédé depuis septembre notamment à l'occasion des diverses réunions du CE, samedi 13 novembre a eu lieu aussi une manifestation de soutien contre les licenciements à ELM de la mairie de Drancy à la préfecture de Bobigny, avec l'appui des Unions locales, des partis (PCF, LO et LCR notamment) et des mairies des deux villes. La manifestation se terminait par une délégation à la préfecture.

Tout cela commence à être gênant y compris pour les autorités. Si bien qu'en toute dernière minute, le mercredi 17 après-midi, la préfecture a organisé une table ronde entre les syndicats de l'entreprise et la direction, après laquelle il est bien possible que la préfecture ait prêché une certaine prudence à celle-ci.

En tout cas le jeudi matin a commencé sur les chapeaux de roue : c'est dès 7 heures du matin que toute l'usine a débrayé et nous sommes partis manifester et bloquer le tramway et la circulation au grand

carrefour situé devant l'une des deux parties de l'usine, à Bobigny, où se trouve une entrée et sortie de l'autoroute A-86. Et après avoir montré ainsi notre colère tout en distribuant des tracts aux automobilistes et aux passants, nous sommes tous retournés à l'usine pour accompagner les délégués à l'heure de la réunion du Comité d'entreprise.

Celle-ci a été très brève. Tous les délégués du personnel ont voté une motion condamnant et le plan de réorganisation de l'usine et le plan de licenciements et le plan social associé présentés par la direction. L'exposé des motifs de ce vote dénonçait le fait que le groupe Bosch peut difficilement prétendre être en « difficulté économique» alors qu'il a affiché 2,5 milliards de profits l'an dernier et que même dans le seul domaine des chauffe-eau et chaudières à gaz il s'est étendu au cours des dernières années avec l'achat d'une usine au Portugal, puis d'ELM en

France, puis plus récemment d'une nouvelle usine en Turquie. Et il soulignait de fait que le projet de plan social était même en dessous des recommandations minimales de la loi, ne prévoyant aucune proposition de reclassement un tant soit peu crédible d'une partie des licenciés, ni aucune mesure particulière pour les travailleurs âgés, mis à part les FNE, c'est-à-dire les seules mesures de l'Etat luimême.

La direction avait toutes les raisons de ne pas «être très sûre de son coup, avec un projet de plan social tellement inconsistant qu'il risquait de ne même pas tenir le coup devant un tribunal. Elle savait surtout que nous sommes bien décidés à ne pas nous laisser faire. Et elle craignait nos réactions au point qu'elle avait fait venir encore cette fois pour la réunion du CE une équipe de gorilles chargés d'assurer la protection du directeur venu en taxi et craignant de se faire séquestrer; une BMW blindée avec un chauffeur au

volant attendait dans la cour au cas où il aurait fallu dégager en vitesse ce cher homme; et elle avait embauché en plus pour la circonstance une équipe de pompiers privés, comme si elle avait peur qu'on mette lé feu à sa boutique.

Si bien qu'après le vote négatif du CE, la direction a préféré annoncer qu'elle ne passerait pas outre et qu'elle prolongeait les négociations sur d'éventuelles améliorations du plan social, notamment en ce qui concerne les travailleurs âgés. A midi tout était donc bouclé. La prochaine échéance officielle est le 2 décembre.

La direction, évidemment, n'a pas l'intention de revenir sur les licenciements euxmêmes. N'empêche qu'elle marque le pas, et cela ne fait que nous conforter et nous donner un peu plus de temps pour continuer la lutte. Alors celle-ci continue.

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