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- Lutte ouvrière n°1636
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Espagne - chantiers navals : Non aux suppressions d'emplois !
Voici des mois que les travailleurs des chantiers navals d'Espagne se mobilisent pour la défense de leur emploi. Que la charge de travail soit en baisse comme à Séville ou Cadix, qu'il s'agisse de problèmes liés aux privatisations comme dans les Chantiers d'Astander à Santander, partout on menace de réduire les effectifs.
A Séville le manque de commandes pourrait laisser sur le pavé 450 travailleurs des entreprises sous-traitantes. Dans les chantiers privés d'Huelva, cela fait plus de deux mois que les travailleurs ne touchent pas leur salaire.
Cette situation s'inscrit dans une politique visant à liquider les chantiers navals publics. Un secteur qui, depuis 1984, est l'objet d'une reconversion sauvage, commencée par le PSOE et qui s'est traduite par des dizaines de milliers de licenciements, par une aggravation des conditions de travail, par l'augmentation du travail précaire ainsi que par l'augmentation des cadences de travail et l'absence de mesures de sécurité. Dans les chantiers de Séville, les travailleurs en fixe sont passés de 800 avant 1996 à 350 à peine aujourd'hui tandis que les entreprises sous-traitantes emploient au moins 1 000 travailleurs qu'elles surexploitent.
Devant cette situation les syndicats Commissions Ouvrières et UGT ont appelé les travailleurs à participer aux manifestations organisées le 5 novembre à l'échelle de l'Europe. Dans leur communiqué d'appel, elles affirmaient que la responsabilité de la situation incombait à la concurrence des chantiers coréens et demandait à l'Union européenne des mesures protectionnistes pour défendre le secteur naval européen. Comment s'étonner alors que des représentants du patronat, du parti de droite, le Parti Populaire au pouvoir, ou du PSOE se soient retrouvés dans ces manifestations ? La très droitière maire de Cadix s'est même permis d'arborer un badge des Commissions Ouvrières. Le ministre de l'Industrie n'a pas tardé à proposer ses solutions. Le 10 novembre il posait le problème de vendre " des actifs " qui ne seraient pas absolument nécessaires pour la survie de la construction navale. Et tous les syndicats ont interprété la " vente d'actifs " comme le projet de fermer des centres d'activités. En même temps le ministre réaffirmait sa volonté de poursuivre les privatisations dans les chantiers. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que chaque pas en avant dans les différentes conversions a toujours été justifié au nom de la compétitivité et de la nécessité de faire face à la concurrence du Japon et de la Corée. C'est en son nom que l'on a licencié, développé l'emploi précaire et augmenté la productivité pendant que les gouvernements espagnols dissimulaient leurs responsabilités. Mais chacun se rappelle comment, lors de la dernière tentative de fermer les chantiers navals, les travailleurs des chantiers de Séville et Cadix ont manifesté dans les rues et entraîné par solidarité des jeunes chômeurs, montrant qu'il est possible par une lutte décidée et radicale de faire reculer ceux qui gouvernent.