Sécurité sociale : Économies budgétaires au détriment des malades et des allocataires12/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1635.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : Économies budgétaires au détriment des malades et des allocataires

Mardi 2 novembre dernier, a été voté le budget sur le financement de la Sécurité sociale pour l'an 2000. La démission de Dominique Strauss-Kahn le même jour a quelque peu éclipsé l'événement.

Depuis longtemps, les budgets de la Sécurité sociale poursuivent tous le même objectif, quels que soient les gouvernements qui les mettent en place : diminuer les dépenses de santé et les remboursements au détriment des malades.

Le plus mémorable est celui du gouvernement Juppé qui, en s'en prenant notamment au système de retraites des fonctionnaires, a provoqué les grèves de novembre et décembre 1995. Mais ceux de Jospin et Aubry, depuis, poursuivent la même politique et celui qui vient d'être voté ne fait pas exception.

Il comporte quelques nouveautés qui accentuent la pression sur les malades pour ne pas se faire soigner convenablement : ainsi, les médecins devront indiquer désormais la cause des arrêts de travail sur la feuille de maladie. Cette disposition a pour but avoué de limiter les arrêts de travail pas suffisamment motivés. Cela pourrait dissuader des travailleurs de se faire arrêter quand ils jugent, par exemple, leurs conditions de travail trop exténuantes. La dégradation de l'état de santé des travailleurs dans bien des entreprises est pourtant bien réelle, avec la généralisation de la flexibilité, de l'annualisation et l'augmentation des cadences.

Autre mesure : la chasse aux gros consommateurs de médicaments qui ne sont pas atteints d'une maladie grave reconnue. Au-delà d'un certain plafond de dépenses (3 400 F de remboursement dans un semestre), le patient pourra être convoqué à la CNAM pour se justifier.

Toutes ces mesures visent à faire pression sur les malades pour qu'ils renoncent à ce qui était jusqu'à maintenant leur droit à se soigner. D'autres mesures restreignent la revalorisation des allocations familiales et vieillesse à 0,5 % seulement.

Une fois de plus, le gouvernement fait des économies sur les plus démunis (de plus en plus de familles comptent sur les allocations familiales pour vivre) en épargnant les plus riches, puisqu'un fond d'allégement de charges pour les entreprises qui passeront à 35 heures est créé, financé en partie par les taxes sur l'alcool et les activités polluantes, auxquelles s'ajoutent une contribution sociale sur les bénéfices limitée à 3,5 % et le produit des heures supplémentaires (7 milliards).

Aucune amélioration enfin n'a été apportée au remboursement dérisoire des lunettes ou des soins dentaires, par exemple, et toutes les mesures qui visaient déjà à faire des économies sur le dos des malades sont reconduites.

C'est donc un budget antisocial, tout à fait dans la lignée de la politique des précédents budgets de la Sécurité sociale. Une politique qui aboutit peu à peu à réserver l'accès aux soins aux plus riches, qui peuvent se permettre d'avoir recours aux assurances privées pour se protéger.

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