Les 35 heures à France Télécom - bilan emploi : 900 créations pour 18 000 suppressions12/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1635.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les 35 heures à France Télécom - bilan emploi : 900 créations pour 18 000 suppressions

A France Télécom, les premières propositions d'application des 35 heures à l'ensemble des salariés fonctionnaires viennent d'être faites. Comme on pouvait s'y attendre, il n'est pas question pour la direction de remettre en cause la baisse programmée des effectifs. L'entreprise a beau encore appartenir majoritairement à l'Etat (63 % du capital) et faire 15 milliards de bénéfices par an, le bilan de ces 35 heures n'en sera pas moins globalement négatif.

Les salariés contractuels avaient déjà pu juger de la pingrerie de la direction puisque, depuis le 1er septembre, l'application de l'accord entre les opérateurs réunis dans l'UNETEL et les syndicats se traduit en tout et pour tout par le maintien des 38 heures actuelles, avec seulement 60 F de plus sur leur paie - les trois heures supplémentaires faites par semaine étant payées 5 F de l'heure !

D'après le président de France Télécom, Michel Bon, il ne faut pas se plaindre : " France Télécom est le seul grand opérateur européen à n'avoir fait aucun plan social ", a-t-il déclaré dans une interview publiée dans Sud-Ouest du 28 octobre.

Et pour cause : le statut de fonctionnaire le rendait impossible. Mais, si cela ne dépendait que de lui, ce statut aurait sauté depuis longtemps, pour qu'il puisse faire comme Michelin, c'est-à-dire licencier.

La politique de réduction d'effectifs se fait par les départs en retraite et en préretraite qui ne sont remplacés qu'au taux de un pour dix départs.

D'ici 2002, plus de 23 000 personnes partiront. Soit par les départs à la retraite, soit en Congé de Fin de Carrière. Le nombre de salariés remplissant les conditions de ce congé est important. Ce sont ceux qui ont été embauchés au moment du boom du téléphone dans les années 1970. La majorité d'entre eux fait le choix de partir, moins à cause des conditions de départ, qui sont loin d'être mirobolantes (70 % du salaire entre 55 et 60 ans), qu'à cause des conditions de travail qui ne cessent d'empirer : restructurations permanentes, mobilités imposées, changements d'horaires à répétition, augmentation de la charge de travail.

Une étude faite dernièrement par les syndicats a montré une augmentation du stress parmi les salariés.

Il faut dire que, en province surtout, les restructurations obligent certains salariés à abandonner leur région pour conserver leur emploi. Or, la plupart avaient choisi France Télécom, justement pour pouvoir travailler dans leur région d'origine.

Pour remplacer les 23 000 départs, il n'y aura que 1 000 embauches par an, auxquelles il faut ajouter, quand même, les 900 générées par l'application des 35 heures. Tous calculs faits, ce sont donc 18 000 suppressions d'emplois qui auront lieu.

Pour ce qui est de l'application elle-même, les salariés continueront à faire les mêmes horaires, 38 heures pour la plupart. La réduction est annualisée, et le personnel aura droit, suivant les situations, à entre 8 et 10 jours de congés supplémentaires. Là aussi, c'est une arnaque. Car si on calcule la réduction hebdomadaire appliquée sur l'année, ce sont 23 jours supplémentaires qui devraient être attribués.

Bien entendu, cela s'accompagnera de contraintes supplémentaires : élargissement des horaires de 8 heures à 20 heures du lundi au samedi, et même jusqu'à 22 heures, comme dans les agences situées dans les centres commerciaux.

Ne parlons pas de la modération salariale, car vu les augmentations annuelles que nous avons, à moins de nous baisser carrément les salaires, ils ne peuvent pas faire pire !

Comme à La Poste et dans les autres secteurs d'activité, à France Télécom, nous allons devoir nous mobiliser pour ne pas faire les frais de l'application des 35 heures.

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