Le sénat s'amuse... avec la loi Aubry12/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1635.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le sénat s'amuse... avec la loi Aubry

Après le vote de la deuxième loi Aubry en première lecture à la Chambre des députés, le texte en a été examiné par le Sénat, puis il reviendra en discussion devant les députés.

Dans ce va-et-vient, les sénateurs, en majorité de droite, s'en sont donné à coeur joie, contre un texte qui, depuis des semaines, est présenté comme un épouvantail par l'opposition. C'est le partage des rôles. Ainsi les sénateurs ont décidé d'enlever à ce projet le caractère obligatoire du passage aux 35 heures le 1er janvier 2 000, pour les entreprises de plus de 20 salariés. En fait ce passage ne devrait pas se faire de sitôt puisque, d'ores et déjà, Martine Aubry s'est engagée à laisser un an d'adaptation aux entreprises, ce qui repousse l'échéance. Le quotidien Le Monde s'insurge : " Le Sénat vide le projet de loi de son contenu " écrit-il. L'Humanité surenchérit, écrivant : " Le Sénat supprime le principe des 35 heures " et poursuit : " passant à l'acte, les sénateurs ont abattu des pans entiers de la loi ". Rien que ça ! A lire ces propos on pourrait croire qu'une lutte à mort se serait déroulée sous les lambris du palais du Luxembourg, qui abrite les débats des vénérables sénateurs.

Il n'en est rien. Car il y a beaucoup d'hypocrisie et de faux-semblants dans ces commentaires. On peut certes faire semblant de s'indigner parce que les sénateurs auraient enlevé le caractère obligatoire des 35 heures. A condition d'oublier que dans la proposition de Martine Aubry, ce caractère obligatoire n'est qu'une clause de style. En effet, au lendemain de l'an 2000, ou plutôt 2001, n'importe quelle entreprise pourra faire travailler ses salariés au-delà de 35 heures en payant, avec une majoration réduite, les heures supplémentaires. Mais dans la plupart des cas elle n'aura même pas à le faire, grâce à l'annualisation et à la flexibilité, qui permettront d'établir une moyenne de 35 heures hebdomadaires, avec des semaines travaillées allant de 48 heures ou même plus, à d'autres avec des horaires très réduits, jusqu'à être entièrement chômées.

En fait les sénateurs de droite ont eu bien des difficultés, les pauvres, à trouver quelque chose à démanteler dans un texte qui ne s'en prenait pas aux intérêts des patrons.

Cela n'a pas empêché leurs efforts d'avoir une récompense pourtant guère méritée. Martine Aubry a promis de revenir sur un des aspects de son projet. Elle a déclaré vouloir permettre aux patrons de sortir " le temps d'habillage " du temps de travail, même dans des secteurs comme l'agro-alimentaire où le port d'un vêtement spécial est obligatoire. La seule exception qu'elle admet concerne " les déguisements dans les parcs d'attraction. "

Et le déguisement d'un larbin des patrons en ministre " de gauche ", est-ce que cela peut être comptabilisé dans le travail effectif ?

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