Le saturnisme : Une conséquence de l'insalubrité des logements et de la misère12/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1635.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le saturnisme : Une conséquence de l'insalubrité des logements et de la misère

85 000 enfants seraient touchés par le saturnisme, une maladie grave puisqu'il s'agit d'une intoxication au plomb. Cette maladie est directement liée à l'existence de logements insalubres dans lesquels existe encore du plomb dans les peintures, sur les canalisations, par exemple. Ce sont de vieux logements, datant d'avant 1948 pour la plupart, date à laquelle l'utilisation du plomb a été interdite.

Une loi pour remédier à cette situation catastrophique existe paraît-il depuis juillet 1998, mais les décrets d'application viennent seulement d'être complétés par une circulaire adressée aux préfets. Et cette circulaire propose des mesures bien maigres. Selon elle, en effet, tout médecin qui détecte un cas de saturnisme doit le signaler au responsable du service de la Protection maternelle et infantile qui lui-même transmet au préfet. Ce dernier fera alors procéder à un diagnostic plomb dans l'immeuble et déclenchera théoriquement des travaux d'urgence. Mais, de l'aveu même de l'auteur de la circulaire, ce ne seront de toute façon que des travaux palliatifs qui ne traiteront pas les causes profondes des dégradations et qui " n'offrent pas à priori de garantie de durabilité ". Le projet de loi de finances pour l'an 2000 n'a prévu que 75 millions de francs pour la lutte contre le saturnisme alors qu'en janvier dernier, le coût des travaux nécessaires était estimé à 2,5 milliards de francs. Rien que le diagnostic sur les 1,7 million d'immeubles construits avant 1948 devrait coûter environ 4 milliards de francs. Autant dire que rien ne sera fait ou presque. Quant à reloger les familles qui vivent dans ces logements insalubres, il en est encore moins question.

Une partie de celles-ci sont réduites à squatter car elles n'ont aucun revenu ou presque. Mais ce n'est même pas le cas pour toutes les familles mal-logées. Certaines familles de travailleurs qui ont pourtant un salaire sont, elles aussi, réduites à vivre dans ces logements et paient un loyer souvent élevé : 1 650 F par exemple, pour une chambre dans le quartier de la Goutte d'or à Paris, pour 12 m2 dans laquelle peut s'entasser une famille de six personnes, ce n'est pas l'exception. Ces familles n'ont pas le choix, car il faut aujourd'hui pour obtenir un logement faire la preuve de revenus représentant trois fois ou plus le montant du loyer, et avoir des garants, ce qui reste impossible pour beaucoup de travailleurs qui gagnent à peine le salaire minimum.

Alors il ne reste que de tels logements que ces familles sont de fait obligées d'accepter. L'Etat reconnaît le problème, mais ne fait rien. Les préfectures ne relogent qu'au compte-gouttes et le justifient, en plus, comme ce responsable d'une préfecture qui a osé avancer " qu'il ne faut pas que le saturnisme soit un effet d'aubaine pour obtenir un logement social " ! Le cynisme n'étouffe malheureusement pas.

Et voilà comment des dizaines de milliers d'enfants, vivant pourtant dans des grandes villes d'un pays riche, peuvent être atteints par le saturnisme d'une manière grave et irréversible !

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