Martinique et Guadeloupe : L'agitation continue29/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1633.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Martinique et Guadeloupe : L'agitation continue

L'annonce de la venue de Jospin aux Antilles, les 27-28 octobre en Matinique, les 29-30 en Guadeloupe, a relancé l'agitation sociale.

Le patronat local entend profiter de ce voyage pour obtenir de nouvelles aides du gouvernement, notamment dans le secteur de la banane. Prétextant la chute des cours et la concurrence sur le marché européen, les producteurs de ce secteur réclament une subvention de 250 millions de francs pour la Martinique et 100 millions pour la Guadeloupe. Comme pour toutes les autres subventions, celles-ci profiteront d'abord aux gros producteurs, qui ont également la haute main sur les circuits de distribution ainsi que les activités d'import-export, mais Jospin a tenu à dire qu'il ne viendrait pas les mains vides.

Quant aux conflits sociaux, ils sont loin d'être résolus. En Martinique, le 26 octobre, les chauffeurs de taxi, de cars et les camionneurs membres du syndicat CDMT ont bloqué tous les axes routiers et les accès de Fort-de-France en signe de solidarité avec les salariés de Toyota, en grève depuis le 25 avril.

En fait, cela fait plus de deux semaines maintenant que les grèves, les manifestations et les barrages se succèdent. A l'origine, il y a le conflit qui oppose les salariés de Toyota à leur patron. Celui-ci a démarré lorsque les salariés ont réclamé la redistribution d'une partie des bénéfices réalisés dans l'entreprise (5,4 millions de francs sur un an et 9 millions sur deux ans) sous forme d'augmentation de salaire. Face au refus du patron, la grève fut décidée, ce qui provoqua une violente réaction patronale : dépôt de plainte contre les grévistes postés aux abords de l'entreprise, intervention de nervis accompagnés de chiens d'attaque... Pour finir, le patron a décidé de licencier 16 grévistes.

Ces manoeuvres d'intimidation et cette violence patronale ont provoqué une montée d'indignation dans beaucoup d'entreprises et dans les syndicats de l'île. Ces derniers ont riposté en appelant à des journées de grève générale et à des manifestations avec blocage des accès aux zones industrielles et commerciales ainsi qu'au port de Fort-de-France et à l'aéroport du Lamentin.

Il faut dire que l'attitude du patron de Toyota n'est pas un cas isolé. Les attaques patronales sont systématiques et quotidiennes contre les travailleurs et leurs syndicats. On l'a vu récemment lors des conflits qui ont touché les magasins Roger Albert, la SETUFF (compagnie des transports urbains), Délifrance ou la mairie du Carbet. Chaque fois que les travailleurs essayent de faire entendre leurs droits et leurs revendications, le patronat ainsi qu'une bonne partie de la classe politique locale se solidarisent pour dénoncer les " minorités extrémistes " qui " menacent l'économie de la Martinique ". Les patrons voudraient pouvoir piétiner la législation du travail et les droits syndicaux, avoir recours à toutes sortes de violences contre les salariés, mais il ne faudrait pas que ceux-ci se défendent.

En tout cas, face à ces patrons de combat, les travailleurs des Antilles montrent qu'ils sont déterminés et qu'ils n'ont pas fini de manifester.

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