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Dans les entreprises
HMR (Romainville, 93) : Journée de grève pour le maintien des emplois
Plus de 700 salariés ont fait grève, jeudi 20 octobre, sur 1800 à l'effectif du site HMR (Hoechst- Marion-Roussel, ex-Roussel-Uclaf) de Romainville, en Seine-Saint-Denis.
Après une assemblée générale, des visites de service à service et une conférence de presse, l'après-midi deux membres de la direction ont dû affronter les questions des grévistes.
Romainville n'était pas le seul site HMR concerné par cette journée d'action. Nous avons été rejoints par 60 travailleurs de la filiale Distriphar, à Garonor-Aulnay. Les collègues de l'usine de Neuville-sur-Saône étaient appelés à une heure de grève par poste. Les autres établissements faisaient signer une pétition de soutien.
Nous venons en effet d'apprendre officiellement, le 14 octobre, que le centre de recherche de Romainville, avec plus de 1100 travailleurs (780 chercheurs, plus les services d'appui), était mis en vente. Il ne sera donc pas inclus dans Aventis, le nouveau groupe qui résultera en fin d'année de la fusion des activités " sciences de la vie " (pharmacie, surtout, agrochimie et vétérinaire) de Hoechst et de Rhône-Poulenc.
Cette fusion, annoncée en décembre 1998, votée par les actionnaires des deux groupes à la mi-juillet, vise à atteindre 20 % de taux de rentabilité. Et, comme le prévoyait l'étude du cabinet Monitor connue par une indiscrétion en février, ces profits seraient atteints par la vente ou la fermeture de 49 sites sur 91 et par la suppression de 11 000 emplois (dont 3 000 en France) sur 95 000.
Les plans de la direction se précisent. Sur le site de Romainville même, elle veut mettre à part la Fabrication (300 salariés), qui irait à Aventis. L'usine Cassenne, à Osny dans le Val-d'Oise, sera vendue en novembre à ses actuels dirigeants. La Tour du Siège, à La Défense, est mise en vente. Deux importants groupes chimiques américains, Procter et Gamble et DuPont de Nemours, sont déjà venus visiter le centre de recherche de Romainville, d'autres repreneurs potentiels étant intéressés.
La direction prétend que ce site, en proche banlieue parisienne est le plus " vendable ". Mais bien des travailleurs craignent que la direction emporte dans Aventis les recherches sur les produits les plus rentables. Et d'autre part, si elle dit vouloir " vendre " 1100 salariés avec le centre de recherche, personne ne sait combien le repreneur voudra en garder, ni ce qui est prévu pour les plus de 400 travailleurs qui ne seront pas compris dans ce projet.
C'est pourquoi les grévistes exigent de connaître clairement les plans de la direction. Depuis un an qu'Aventis est annoncé, elle ne veut rien dire. Pour essayer d'empêcher une réaction d'ensemble, la direction ne révèle que l'étape à venir, jamais la suivante, et elle dément catégoriquement les bruits qui courent, et qui pourtant s'avèrent bien souvent fondés... quelques mois plus tard. Jeudi dernier, harcelés de questions pendant plusieurs heures par les grévistes, les deux dirigeants n'en ont pas dit davantage. Nous voulons la levée du secret. Nous en avons assez de ces négociations secrètes menées derrière notre dos.
La revendication de tous les travailleurs, à Romainville et ailleurs, est le maintien et la garantie des emplois, des activités et des sites. Comme Rhône-Poulenc, HMR fait des profits à ne savoir qu'en faire (5 milliards de francs en 1998). Hoechst verse cette année à ses actionnaires un dividende exceptionnel de 10 milliards de francs, pour les inciter à échanger leurs actions. Cette OPE a commencé le 26 octobre.
Nous refusons tout licenciement et toute suppression d'emploi. Le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Pierret, que nous avons alerté, laisse faire nos patrons. Tant que nous n'aurons pas obtenu de garanties sur nos emplois, nous manifesterons et la direction n'a pas fini de nous entendre.