Aux Fonderies Montupet, spécialiste dans les pièces en aluminium pour l'automobile, la production bat son plein. La direction est satisfaite car les perspectives sont radieuses pour les actionnaires avec 25 % de hausse du chiffre d'affaires prévue pour l'an 2000. Mais dans les ateliers, le son de cloche est tout autre.

Le groupe a connu ces dernières années une véritable explosion de ses commandes, l'aluminium étant de plus en plus utilisé par les constructeurs automobiles. Face à cela, la direction a décidé de pousser la production à son maximum en faisant tourner ses-usines 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. A l'usine de Nogent-sur-Oise, qui fabrique des culasses pour Ford, Renault, Volvo et d'autres grandes marques, la plupart des secteurs tournent en 3x8 avec une équipe en VSD (vendredi-samedi-dimanche). C'est la course permanente. A certains moments, c'est un exploit que de pouvoir aller aux toilettes. Dès qu'un collègue est absent, il faut le remplacer coûte que coûte. On fait changer les gens d'équipe en pleine semaine, du jour au lendemain. Et le rythme de 3x8 peut très bien être deux semaines de nuit puis. une du matin, ou le contraire, selon le bon vouloir de la direction.

Des embauches ont finalement eu lieu malgré tout, tellement la charge de travail était devenue importante. Les jeunes embauchés le sont à des postes très durs et, au bout de plusieurs mois, ils souffrent déjà de douleurs multiples. Côté rémunération, et alors que les salaires stagnent depuis des années, la direction a trouvé le moyen de diminuer des deux tiers la prime de participation pour l'année 1998. Prétexte: les bénéfices ont un peu diminué. Elle n'a bien sûr pas parlé des investissements réalisés entre autres au Mexique, qui ont peut-être diminué momentanément ses bénéfices, mais qui vont lui permettre d'en réaliser bientôt bien d'autres.

En réalité, le groupe Montupet est en pleine expansion. Une autre usine, située à Châteauroux et spécialisée dans les jantes en aluminium, a vu ses capacités quasiment doublées. Tout près de Creil, la société vient même de récupérer un terrain pour développer une autre usine, avec, soit dit en passant, une aide conséquente des collectivités locales qui vont lui payer la réhabilitation du site pour 15 millions de francs. Montupet fait systématiquement appel à ce type d'aides, comme à Châteauroux pour agrandir l'usine et à Nogent-sur-Oise pour se construire un parking.

L'activité des usines est tellement importante que le PDG parle de surchauffe d'activité. On ne peut que souhaiter qu'il en connaisse une autre... quand les travailleurs viendront lui demander des comptes.