Fonderies du Poitou (Ingrande, Vienne) : Par Renault ou par Fiat, on ne veut pas se faire rouler!29/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1633.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou (Ingrande, Vienne) : Par Renault ou par Fiat, on ne veut pas se faire rouler!

Les Fonderies du Poitou, filiale de Renault jusqu'en avril dernier, ont été intégrées à cette date au groupe Teksid, filiale fonderies de Fiat. Pour l'instant, la production essentielle demeure celle des culasses en aluminium et des carters en fonte pour Renault.

Implantée à quelques kilomètres de Châtellerault, l'usine emploie actuellement 1400 salariés, au nombre desquels plus de 350 intérimaires et une cinquantaine de CDD et d'apprentis. Depuis quelques années, elle tourne sept jours sur sept, 24 heures sur 24, même les jours fériés.

Mardi 19 octobre, la direction convoquait les syndicats pour faire un « point » sur les 35 heures et leur incidence sur les salaires. Concernant les 35 heures, le «point» fut vite fait, puisque la direction annonça qu'elles n'étaient pas à l'ordre du jour pour cause de débat en cours à l'Assemblée. On en reparlera aux alentours du deuxième trimestre 2000, dirent en substance les patrons.

Si on ne sait donc pas encore exactement de quelle manière les Fonderies du Poitou vont utiliser la loi Aubry pour tenter de nous assaisonner, on a par contre appris que la «modération » salariale qui va de pair continuerait, elle, à être appliquée.

En effet, les zéros pour-cent « accordés » en début d'année se sont transformés en 0,5 % avec un plancher de 50 francs brut (40 F net!). Une prime exceptionnelle de 500 francs sera en outre accordée à tout le personnel avec le salaire d'octobre.

Ce n'est plus de la modération, c'est de l'escroquerie, pensa tout le monde, d'autant qu'on avait appris la veille que la participation aux bénéfices pour l'année 1999 ne serait que de 1000 francs, voire même moins, au lieu des 7500 francs prévus. Selon la direction, cette révision à la baisse de la participation aux bénéfices serait la conséquence d'un tripatouillage comptable «imposé par la direction de Teksid en Italie». Les 34 millions de francs de bénéfice prévus se seraient ainsi transformés en un déficit de 18 millions, du fait de la constitution d'une provision en vue du risque de bogue de l'an 2000 et du passage à l' Euro !

Si on les laisse faire, ils vont finir par nous demander de l'argent, se sont dit beaucoup d'entre nous, qui ont dès le lendemain débrayé à 350, à l'appel de la CGT.

A l'assemblée générale de l'après-midi, il a été décidé de ne pas en rester là, tandis que les syndicats CGT, UDT (autonomes), FO et CFDT prévoyaient un nouvel appel à débrayer pour le 26 octobre. Dans leur plateforme revendicative, les syndicats réclament une augmentation générale de 500 francs pour tous, le paiement intégral de la participation aux bénéfices et l'embauche de tous les intérimaires.

Pour l'instant, seuls les travailleurs du week-end ont fait leur débrayage, dans la nuit de dimanche à lundi. Appelés pour la première fois à débrayer, 45 de ces travailleurs ont répondu à l'appel. Il faut dire qu'en plus des raisons générales, ces camarades ont vu ces derniers temps la direction tenter de diminuer sensiblement le montant des majorations pour travail du week-end et réussir, avec la complicité de certains syndicats, à amputer de 14% (par rapport aux salaires des CDI) les salaires de ceux d'entre eux qui sont en intérim.

Mardi 26 octobre, ce sont 400 travailleurs qui ont débrayé, ce qui ne s'était pas produit depuis un bon moment aux Fonderies. La direction ayant décidé de réouvrir les négociations avec les syndicats dès le mercredi 27 pour rediscuter de la participation et des salaires, nous avons voté la reconduction du mouvement pour ce jour, avec l'objectif de faire pression sur les négociations.

Affaire à suivre donc, car le ras-le-bol monte...

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