Elf : La corruption institutionnalisée29/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1633.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Elf : La corruption institutionnalisée

L'enquête d'un juge suisse révèle, si l'on peut dire, car à dire vrai ce qu'il nous apprend n'est pas une surprise, que la société pétrolière Elf pratiquait la corruption systématiquement. Ce juge a mis à jour le transit, de 1990 à 1997, de plus de 600 millions de francs sur des comptes suisses d'André Tarallo, ancien PDG d'Elf-Gabon et numéro 2 du groupe Elf, retraité mais toujours homme de confiance d'Omar Bongo, président du Gabon, et d'Eduardo Dos Santos, président de l'Angola, parmi d'autres.

Cet " honnête " retraité, interrogé par des journalistes, explique posément que ces centaines de millions servaient à payer des chefs d'Etats africains pour qu'Elf décroche contrats d'exploitation et permis de forage ; que d'ailleurs toutes les compagnies en font autant ; et que c'était son travail, même si des hypocrites pourraient qualifier cela de corruption.

Elf se paie des amis et achète des politiciens non seulement en Afrique, mais aussi en France, comme l'affaire Roland Dumas - Christine Deviers-Joncour l'a montré. Et ce M. Tarallo est en bonne compagnie avec ses anciens chefs et collègues, Sirven, Le Floch-Prigent ou Albin Chalandon. Certains sont mis en examen, d'autres pas. Les uns sont de droite, d'autres ont été nommés par des ministres se disant de gauche. Ils ont oeuvré pour une compagnie pétrolière où l'Etat détenait la décision, et qui ensuite a été privatisée. Mais la politique d'Elf a été d'une remarquable continuité dans la corruption.

La politique de l'Etat français n'a pas davantage varié. C'est De Gaulle qui en 1964 envoyait les parachutistes français réinstaller Léon M'Ba à la présidence du Gabon, Mitterrand qui les envoyait à Libreville en 1990 sauver la mise à Omar Bongo. Et c'est sous le présidence de Chirac qu'en 1997 Elf a fait remettre au pouvoir à Brazzaville Sassou Nguesso par l'armée angolaise, à la suite d'une guerre civile suscitée par Elf même.

Et cette politique de corruption et d'interventions est indissociable de toute la politique d'Elf, de ses tentatives d'OPA, de rachats divers, de ses plans de suppressions d'emplois et de ses milliards de profits. Concentration, pénétration des milieux politiques et gouvernementaux, corruption à tous les niveaux, dictatures dans les pays du Tiers Monde mis en coupe réglée, interventions militaires, guerres civiles : Elf, c'est l'impérialisme dans ses oeuvres.

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