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- Lutte ouvrière n°1629
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Tribune de la minorité
Tous ensemble contre les licencieurset la politique complice du gouvernement !
Le gouvernement vient de répondre à l'émotion et aux réactions qui ont suivi l'annonce des 7 500 licenciements à Michelin par deux promesses, l'une ridicule, l'autre bidon.
Primo, les entreprises qui licencient alors qu'elles font des profits pourraient être taxées - O pardon, privées d'une future baisse de leurs cotisations Unedic ! Secundo : celles qui emploient des précaires pourraient être pénalisées. Cela fait longtemps en fait que le gouvernement en parle, mais il fait le contraire : il arrose les grands de l'automobile, entre autres, qui n'embauchent pourtant plus que des précaires.
Et taxer les entreprises, c'est une galéjade ! Les gras Bibendum ne vivent pas de la seule loi du marché ! Par-dessus le marché, il y a les subsides de l'Etat dont il y aurait un bien meilleur usage pour toute la société que d'aider les licencieurs.
Mais nous ne pouvons pas compter sur Jospin et Aubry pour cela ! Mieux vaut compter sur nos propres forces. Et saisir l'occasion de les mesurer en répondant à l'appel de la CGT à manifester le 4 octobre contre les 35 heures à la sauce Aubry. En répondant aussi à l'appel du PC à manifester tous ensemble contre le chômage et les licenciements, le samedi 16 octobre à Paris, appel auquel Lutte Ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire se sont associées.
Cette initiative dérange la gauche gouvernementale. Le PS reproche au PC son appel, les Verts sont partagés et Dominique Voynet est résolument contre. Les dirigeants du PC, du coup, disent qu'ils n'appellent pas " contre le gouvernement " (auquel ils participent !) mais " en direction du gouvernement " ! Et leur ton radical masque des perspectives bien timorées.
La seule chose que les dirigeants du PC " exigent ", c'est la transformation des emplois jeunes en vrais emplois. En omettant de souligner que les emplois jeunes créés sont bien en deçà des 700 000 promis et que leur changement de statut, qui serait certes la moindre des choses, ne réduirait pas d'une unité le nombre total des chômeurs du pays.
" Un moratoire sur les plans de licenciements " ? Ce serait seulement pour repousser leur échéance d'un mois ou de six mois ! Les travailleurs doivent lutter pour l'interdiction des licenciements, tout particulièrement dans les entreprises prospères, sous peine de réquisition voire d'expropriation.
" En finir avec le scandale des fonds publics pour l'emploi donnés aux entreprises " ? La formule est bien vague, si on ne précise pas qu'on veut la suppression immédiate des quelque 110 milliards d'aides annuelles au patronat et leur utilisation pour embaucher des centaines de milliers de travailleurs dans les hôpitaux, les services sociaux, les écoles, les transports, le logement.
" Une commission nationale de contrôle de l'utilisation de ces fonds " ? Ce ne serait qu'une nouvelle sinécure pour des bureaucrates bavards ! Et seule la mobilisation des travailleurs et de la population imposera leur contrôle, par en bas, sur les affaires patronales.
Il y a bien des calculs politiciens derrière l'appel du PC. Et le contenu de ses revendications reflète le souci de ses dirigeants de ménager le gouvernement dont la politique est entièrement au service du patronat. Mais nous devons saisir l'occasion de manifester le 16 octobre contre le chômage et les licenciements. Tous ensemble. Cette manifestation sera ce que nous en ferons. Nous marquerons des points si nous sommes nombreux, si nous affirmons qu'il s'agit d'une première étape vers un mouvement d'ensemble que nous devrons nous atteler à préparer et si nous montrons que nous comptons en découdre pour des mesures radicales et coercitives contre les licencieurs et ceux qui les aident.
Nous qui appartenons au courant d'Arlette Laguiller, voilà ce que nous proposons à tous les travailleurs, à tous les militants politiques, syndicaux ou associatifs, à commencer par ceux du PC avec qui nous allons défiler au coude à coude. Plus nous serons nombreux et exigeants, plus nous commencerons à inspirer une salutaire inquiétude au patronat et au gouvernement.
Editorial des bulletins d'entreprise " L'Etincelle " du lundi 27 septembre 99, édités par la fraction