Stanley (Besançon) : Grève avec occupation contre les licenciements01/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1629.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Stanley (Besançon) : Grève avec occupation contre les licenciements

Le groupe Stanley (12 000 salariés dans le monde) fabrique à Besançon des niveaux, des scies et surtout des mètres à ruban.

C'est une entreprise florissante, avec 68 millions de bénéfices nets pour la seule année 1998. En plus, grâce à un montage financier, Sicfo-Stanley ne paie pas l'impôt sur les sociétés en France, soi-disant pour éponger les dettes de l'usine Nirva de Marquette-lez-Lille, elle-même menacée de fermeture.

Après les fermetures des usines de Saverne (Bas-Rhin) et de Rup-sur-Moselle (Vosges) en 1998, suivies de 33 mutations et licenciements en mars dernier à Besançon, la direction annonçait en avril dernier 95 nouveaux licenciements sur un effectif de 350 salariés. La direction délocalise une partie des mètres en Thaïlande et augmente la sous-traitance.

Tout le personnel est touché par ces mesures et, dès le début, nombreux étaient les travailleurs scandalisés qu'une entreprise largement bénéficiaire licencie. De même, ils n'ont jamais cru à la promesse d'un sous-traitant qui reprendrait une trentaine de licenciés, annonce relayée en son temps par le préfet mais sans aucune précision jusqu'à ce jour.

Quatre jours de grève ont déjà eu lieu en juin dernier, à l'appel des syndicats CGT et CFDT. Un report du plan social de deux mois avait été obtenu, ce qui paraissait comme un petit recul de la direction. Empêcher les licenciements semblait impossible aux yeux de beaucoup.

En septembre, la direction annonçait 17 préretraites et 10 préretraites progressives pour les travailleurs de 55 ans, avec un portage jusqu'à 56 ans, rémunéré sur un temps plein et avec dispense d'activité. Pour les moins de 50 ans, la direction proposait 36 000 F, et 1 000 F par année d'ancienneté comme prime additionnelle de départ.

Le 21 septembre, lors d'une assemblée générale, les travailleurs ont jugé les propositions insuffisantes et les syndicats ont proposé de se mettre en grève pour obtenir une prime de 200 000 F minimum. 210 travailleurs ont voté pour la grève avec occupation. Si les syndicats avaient défendu l'idée d'une grève jusqu'à la réunion du jeudi 30 septembre, ils avaient prévu de démarrer le lundi suivant 27. Plusieurs ouvriers sont alors intervenus pour dire qu'il fallait commencer tout de suite, puisque la quasi-totalité des présents avaient voté la grève. Cette proposition a vite été adoptée et la grève a démarré la nuit suivante. L'usine était occupée et la rue traversant la zone industrielle bloquée. Les grévistes se relayaient, avec entre 120 et 170 grévistes présents chaque matin pour voter la poursuite de la grève et huer les directeurs qui venaient demander l'ouverture des portes. C'est sous les fumigènes et autres pétards qu'il les renvoyaient.

Par petits bouts, lundi 27 septembre, la direction a lâché une prime de départ de 90 000 F et 2 000 F par année d'ancienneté, s'ajoutant à l'indemnité légale de licenciement. Elle prévoit une augmentation de salaire selon l'indice des prix au 1er octobre, au lieu de trois ans de gel des salaires avec le passage aux 35 heures, et le paiement de 70 % des heures de grève de septembre et de juin. De plus, ce plan social est garanti jusqu'en juin 2003 au lieu de décembre 2001.

Mardi matin 28 septembre, une quarantaine de grévistes sur 180 votaient la continuation de la grève. Mais finalement, la décision de reprendre l'a emporté.

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