Renault - Le Mans SNT (ex-Département 83) : Touchez pas au grisbi !01/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1629.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault - Le Mans SNT (ex-Département 83) : Touchez pas au grisbi !

Depuis le 1er janvier 1999, le Département 83 qui fabriquait les transmissions pour l'ensemble des véhicules Renault est devenu SNT (Société Nouvelle de Transmissions), filiale du groupe Renault, tout en restant dans les murs de l'usine Renault Le Mans provisoirement. Provisoirement car, petit à petit, dans les années à venir, cette société doit déménager dans une usine sortie de terre à moins de 10 km de l'usine du Mans pour s'appeler alors NTN, groupe à qui Renault a vendu l'année dernière ce bâtiment avec activité, machines et ouvriers, à qui évidemment personne n'a demandé leur avis.

Pour faire passer ce mauvais coup, la direction de Renault, puis de SNT, n'ont pas été avares de promesses : ce changement de statut ne devrait absolument rien changer quant aux revenus des anciens " Renault ".

Il n'a pas fallu longtemps pour voir ce que valent ces promesses. En effet, lorsque Renault, début septembre, a annoncé ses résultats financiers semestriels (4,722 milliards de francs de profits), résultats encore supérieurs à ceux de 1998, tout le monde a commencé à faire ses calculs. En effet, cette année, au titre de l'intéressement aux résultats de 1998, un ouvrier de fabrication Renault a touché 7 500 francs (à condition toutefois d'avoir été présent toute l'année 1998), soit près d'un mois de salaire.

Mais dans les jours qui ont suivi, la direction a annoncé que les travailleurs de SNT toucheraient... 0 franc au niveau de l'intéressement aux résultats de 1999, car l'intéressement Renault ne concerne que les usines Renault (maison mère) et que, la SNT étant une filiale, elle n'y avait pas droit.

Tout au plus y aurait-il une participation aux bénéfices éventuels de SNT qui seraient... bloqués pendant les cinq ans à venir.

Où sera-t-on dans cinq ans ? Au chômage, en retraite, à NTN, et comment cela se passera alors ? Bien malin qui pourrait le dire.

Mais en attendant, passer de 7 500 francs à 0 F, cela fait une perte sèche, évidemment qui a provoqué un vif mécontentement parmi les ouvriers de l'ex-Département 83. Aussi la CGT-SNT appelait-elle à un débrayage d'une heure, le mercredi 22 septembre, dans les trois équipes.

Mercredi 22 septembre, à 8 h 30 du matin, le débrayage fut très massivement suivi par les ouvriers de l'équipe du matin qui allèrent trouver la direction de SNT pour lui demander des comptes. Celle-ci ne put que redire ce qui avait été déclaré quelques jours auparavant, ce qui était évidemment inacceptable pour les travailleurs. " L'argent, on en a besoin aujourd'hui et pas dans cinq ans ", d'autant plus que ceux-ci n'ont pas fait le choix d'être filialisés et vendus.

Le directeur en rajouta même une couche (provocation ou bêtise) en déclarant que lui (tout en étant directeur de SNT) était " Renault " et toucherait donc l'intéressement aux bénéfices Renault, contrairement à nous.

Evidemment ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Les ouvriers décidèrent alors d'aller bloquer la gare routière du bâtiment, pour empêcher le chargement et le départ des transmissions déjà fabriquées vers les usines de montage de la Régie. Le débrayage se transforma en grève.

Au changement d'équipe à 13 h 45, de nombreux travailleurs de l'équipe du matin restèrent pour accueillir l'équipe du soir, qui se mit aussitôt, elle aussi, en grève.

Devant l'ampleur du mouvement et devant les problèmes d'approvisionnement causés aux usines de montage du fait des flux tendus, la direction de SNT demanda à négocier. Une délégation faite de délégués syndicaux et de travailleurs fut reçue.

Finalement, la direction signa un protocole de fin de grève, s'engageant à verser aux travailleurs de SNT au moins autant que les travailleurs Renault pourront toucher au titre de l'intéressement aux résultat 1999 et y compris à verser une avance. Ce qui était encore impossible le matin devenait réalité l'après-midi, curieusement. Par ailleurs, la direction payait les heures de grève, sauf une par équipe.

Dans ces conditions, le travail reprit vers 16 h 30, tout le monde étant bien content d'avoir fait reculer si rapidement et totalement la direction. Et surtout cette grève massive a montré que les travailleurs de l'ex-Département 83 n'étaient pas disposés à laisser passer les mauvais coups, même s'ils avaient été vendus l'année dernière.

C'est encourageant pour l'avenir.

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