Pour ne pas subir la dictature du capital !01/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1629.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Pour ne pas subir la dictature du capital !

La scandaleuse décision de Michelin de supprimer 7 500 postes alors que ses énormes profits sont largement en hausse n'avait pas ému Jospin qui avait déclaré que le gouvernement n'y pouvait rien et que c'était aux travailleurs de se débrouiller.

Mais la simple annonce de différentes manifestations, syndicales ou des partis politiques, pour limitées qu'elles soient et, qui plus est, indépendantes les unes des autres, ont cependant amené Jospin à réviser au moins son langage.

Il est vrai que prétendre que l'Etat ne peut pas intervenir dans la vie économique était un mensonge trop grossier. Les subventions, les exonérations de charges, les cadeaux fiscaux ne sont donc pas des interventions de l'Etat ? Martine Aubry vient même de déclarer que Michelin a touché de l'Etat entre 4 et 5 milliards de francs au cours des dernières années pour... financer ses plans de suppressions d'emplois ! Et combien de milliards versés à Peugeot-Citroën, à Renault et à tant d'autres ? Martine Aubry aurait pu ajouter que, pour faire accepter sa loi, faussement dite des " 35 heures ", elle prévoit 110 milliards pour les patrons, financés par l'Etat ou par les caisses de chômage. Ce cadeau financier vient en supplément de l'annualisation et de la flexibilité, c'est-à-dire du droit accordé aux patrons de varier à leur gré les horaires du travail. Et ils ne sont même pas tenus d'embaucher !

Et les 110 milliards prévus par Aubry ne représenteraient qu'un cinquième du montant des cadeaux de toutes sortes faits aux patrons sous prétexte de leur faire créer des emplois qu'ils ne créent pas.

Le seul Daewoo a touché 450 millions de francs d'aides de l'Etat, de la Région, de l'Europe pour s'installer en Lorraine. Une fois l'argent touché, le voilà qui annonce vouloir mettre la clé sous la porte, se débarrasser de ses ouvriers, sans même que l'Etat exige le remboursement de l'argent indûment encaissé !

Ces cadeaux accordés au patronat sont d'autant plus révoltants que, pour les faire, l'Etat fait des économies sur le personnel des services publics, de la Sécurité sociale, des écoles, des hôpitaux, des transports publics ! Pour financer les patrons du privé, c'est donc l'Etat lui-même qui supprime des emplois. Alors, l'Etat intervient tout le temps dans l'économie, mais toujours en faveur du patronat et pas en faveur des travailleurs et des chômeurs !

Jospin promet maintenant d'obliger les patrons à négocier l'application de la loi Aubry avant de licencier, et des sanctions contre les licenciements abusifs.

Mais rien dans les mesures annoncées par Jospin n'empêchera les patrons de licencier : au pire pour eux, ils devront s'acquitter d'une contravention.

Pourtant, étant donnée la gravité du chômage, toute suppression d'emploi par des grandes entreprises qui font des bénéfices devrait être gravement sanctionnée, c'est-à-dire interdite sous peine d'expropriation ! Les propositions de Jospin ne sont que de la poudre aux yeux. Que veut donc dire pénaliser le " recours excessif " au travail précaire ? Qui jugera ce qui est " excessif " sans la transparence des finances des grandes entreprises ?

Il faut que les travailleurs, que la population aient un droit de contrôle sur la comptabilité des grandes entreprises afin de ne pas laisser le patronat libre de disposer de son pouvoir économique au détriment de la population.

Des manifestations sont prévues par les syndicats le 4 octobre. Le PCF de son côté a pris l'initiative d'une manifestation le 16 octobre à laquelle Lutte Ouvrière appelle à participer, pour y défendre l'interdiction des licenciements et le contrôle de la population sur les finances des grandes entreprises.

Il est de l'intérêt de tous les travailleurs que toutes les manifestations prévues soient des succès. Car le gouvernement et le patronat doivent craindre les réactions des travailleurs et de la population. Ils doivent craindre que ces actions soient suivies par d'autres et craindre qu'elles soient des étapes dans la mobilisation du monde du travail contre la dictature du patronat et de la finance !

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