L'usine Wolber à Soissons fabrique des pneus de deux- roues et appartient à 99,98 % au groupe Michelin. Fin juillet, la direction annonçait le projet de fermeture du site pour le début 2000. Depuis, cette fermeture s'inscrit dans un projet plus vaste de Michelin pour supprimer 7 500 emplois. Cette décision particulièrement scandaleuse intervient au moment même où Michelin annonce aux actionnaires ce qui est une bonne nouvelle pour eux, l'augmentation des bénéfices.

À Soissons, pour faire passer sa décision de fermer l'usine, la direction de Wolber et, derrière elle, celle de Michelin proposent un plan social qui permettrait aux salariés de toucher douze mois de salaire en plus de la prime de licenciement. Et encore, cette somme ne s'adresse pas à tout le monde et est soumise à des conditions. Il faut partir avant la fermeture de l'usine et avoir un projet d'activité pour l'avenir. Les salariés ont fait leurs comptes. Pour une personne avec plus de 10 ans d'ancienneté, une fois les impôts payés cela fait à peine 100 000 F. Autant dire qu'un des seuls projets réalisables est celui d'acheter une bonne voiture pour aller se faire voir ailleurs car les chances de retrouver du travail dans la ville semblent bien minces. Partir avec douze mois de salaire, ou même un peu plus, la belle affaire si c'est pour se retrouver au chômage un an plus tard.

Et puis surtout, cette somme ne peut pas faire accepter l'inacceptable. Les licenciements, la fermeture de l'usine jettent des travailleurs à la rue et compromettent encore un peu plus l'avenir des chômeurs et plus largement de tous ceux qui seront amenés à chercher un emploi, alors que l'entreprise Michelin est loin d'être en difficulté.

Pour l'instant le plan social est suspendu et personne ne le regrette même si les salariés savent bien que la direction va présenter une autre version. Par contre ce qui est sûr, c'est qu'il est de plus en plus insupportable pour tout le monde d'entendre les entreprises annoncer des licenciements alors qu'elles font des bénéfices.