La colère des routiers01/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1629.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La colère des routiers

Une nouvelle fois des routiers se sont mis en grève et ont installé des barrages filtrants ou bloquants. Il y a quelques jours déjà les routiers des transports pétroliers protestaient contre leurs conditions de travail dangereuses, et des baisses de salaires. Il y a quelques mois avait eu lieu un important mouvement des routiers salariés protestant contre les dépassements d'horaire, les temps de chargement-déchargement et d'attente non comptés dans la durée du travail, etc.

A chaque fois, ce qui revient en premier dans les revendications, ce sont la durée du travail sans limites, l'obligation imposées aux conducteurs des dépassements d'horaires et de vitesses, en toute illégalité.

Cette fois, la raison de ce mouvement est le risque de voir adopté à l'échelle européenne, l'autorisation de rouler le samedi soir, voire une partie du dimanche, comme le réclament certains membres de la commission européenne. Le mouvement des routiers a d'ailleurs démarré à la veille d'une réunion des ministres des Transports européens sur ce sujet.

Les pays du nord et du sud de l'Europe ne sont pas comme ceux du centre, France et Allemagne, par exemple, saturés par les camions, qui roulent en transit et qui s'ajoutent à leurs propres transports. Mais, saturation du réseau ou pas, il n'y a aucune raison de faire rouler les camions davantage, car dans tous les cas, les chauffeurs sont eux saturés de fatigue.

Si les horaires sont déments, avec des 50, 60 heures par semaine, la raison en est que les " donneurs d'ordre ", les clients du transport, souvent de grosses entreprises, cherchent les transporteurs les moins chers. La mise en concurrence entraîne à serrer les délais et à limiter les salaires. Et au bout de la chaîne, les chauffeurs routiers sont de véritables " forçats de la route ", qui, dormant peu, font courir des risques à tout le monde, à eux d'abord, aux autres usagers ensuite.

Le point de vue patronal sur la question est exactement le même que dans d'autres entreprises : pas de limite de la durée du travail, et flexibilité totale. Et tant pis si au bout il y a des hécatombes routières. Il faut, disent les responsables, éduquer les automobilistes responsables de trop d'accidents. Mais éduquer les patrons qui mènent leurs salariés à l'accident, on n'y songe pas.

Il y a quelques années, on pouvait lire à l'arrière de certains poids-lourds l'inscription " Je roule pour vous ". Cette fois les routiers en colère pourraient dire " Je fais grève pour notre et votre sécurité " !

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