Iran : Contre la répression, solidarité avec les étudiants condamnés à mort et emprisonnés01/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1629.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran : Contre la répression, solidarité avec les étudiants condamnés à mort et emprisonnés

Depuis l'annonce, le 12 septembre, par le président du Tribunal Islamique Révolutionnaire de Téhéran, de la condamnation à mort de quatre étudiants iraniens pour leur rôle dans les grandes manifestations de juillet dernier, l'appareil policier du régime n'a donné aucune nouvelle sur leur sort. Même leur nom reste inconnu à ce jour. Ce que l'on sait en revanche, c'est que les geôles du régime abriteraient des centaines d'autres étudiants arrêtés pour les mêmes raisons, dont certains auraient déjà été condamnés à de longues peines de prison tandis que d'autres attendraient encore leur jugement. Selon les organisations étudiantes iraniennes, il n'est pas exclu que d'autres condamnations à mort soient prononcées dans les semaines qui viennent.

Rappelons que les manifestations dont il s'agit avaient éclaté le 8 juillet en riposte à la fermeture du quotidien Salaam, proche de l'aile libérale du régime représentée par le président Khatami. Par ailleurs les manifestants exigeaient le retrait d'un nouveau projet de loi visant à durcir la censure de la presse.

Pour la grande majorité des manifestants, il s'agissait avant tout, au moins au début, d'exprimer leur soutien au président Khatami et au programme de libéralisation et de modernisation du régime qui l'a porté au pouvoir en 1997. La fermeture de Salaam et la nouvelle loi sur la presse étaient le dernier épisode d'une longue série d'escarmouches entre les factions dirigeantes du régime. Face à la tendance de Khatami, une tendance dominée par une hiérarchie traditionaliste de mollahs, appuyée sur l'appareil de répression qu'elle contrôle en grande partie, se sent menacée par les ambitions de la petite bourgeoisie moderniste et se cramponne aux positions qu'elle occupe depuis l'avènement du régime islamique il y a vingt ans.

Mais pour autant, Khatami se garda bien de prendre fait et cause pour les manifestants lorsque ceux-ci se retrouvèrent face au tir de la police et des milices paramilitaires du régime, sans parler de se porter à leur tête bien sûr. Au contraire, il les désavoua publiquement, condamnant les manifestations comme des " désordres publiques nuisibles ". Abandonnés par celui que beaucoup considéraient comme leur leader, les étudiants poursuivirent néanmoins les manifestations dans les grandes villes du pays. A Téhéran, il y eut jusqu'à 10 000 manifestants dans les rues, malgré les arrestations, les blessés et les morts (officiellement neuf au total, mais nul n'en connaît le nombre réel).

Finalement, le 23 juillet, deux semaines après le début du mouvement, les forces de répression passèrent à l'attaque. L'université de Téhéran fut prise d'assaut de nuit par des commandos de " Gardiens de la Révolution " et il s'ensuivit une vaste vague d'arrestations, de centaines, voire, suivant certaines estimations, de plusieurs milliers d'étudiants.

Depuis, petit à petit, les nouvelles ont filtré quant au sort de certains étudiants emprisonnés. Nombre d'entre eux ont été torturés, certains ont été montrés devant les caméras de la télévision pour de prétendues confessions où ils s'accusaient d'être des agents de la " contre-révolution ". Bref les méthodes du régime n'ont guère changé depuis les années de brutale répression qui suivirent l'avènement de la république islamique - et cela, quoi que puissent en dire les gouvernants des grandes puissances pour couvrir les contrats juteux passés par leurs grandes entreprises (Total et Shell, pour ne citer que celles-là) avec l'Etat iranien.

Aujourd'hui, outre les quatre condamnés à mort, des centaines, peut-être des milliers d'étudiants restent emprisonnés dans les geôles du régime pour avoir voulu secouer la chape de plomb de l'obscurantisme et de la répression du régime des mollahs. Ils méritent tout notre soutien et notre solidarité.

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