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Éducation nationale : Vous avez dit zéro défaut ?
Allègre, le ministre de l'Education nationale, claironne sur tous les médias que la rentrée 99 serait la rentrée du " zéro défaut ". La réforme des lycées qu'il avait concoctée à l'issue du mouvement des lycéens de novembre dernier allait régler tous les problèmes, disait-il. Mais les manifestations et grèves qui touchent de nombreux lycées actuellement apportent un cinglant démenti à toutes les fanfaronnades d'Allègre.
C'est qu'en fait, comme c'était prévisible, la réforme de novembre dernier n'a rien réglé. Tout juste Allègre s'est-il contenté d'accorder quelques droits d'expression supplémentaires aux lycéens, d'apporter une aide spécifique en math ou en français pour les élèves de Seconde en difficulté mais... une heure seulement par semaine et par matière, et d'alléger les programmes dans certaines domaines comme le français, ou l'histoire-géo. Cette dernière mesure parfaitement démagogique a le gros avantage de ne pas coûter un sou.
En revanche, en ce qui concerne les problèmes de locaux et d'effectifs quasiment rien n'a été prévu. Allègre s'était engagé l'an dernier à limiter les effectifs en Terminale en fixant la barre à... 35 élèves par classe. Il avait le culot de présenter cette mesure comme un avantage appréciable. Comme si on pouvait enseigner dans de bonnes conditions devant 35 élèves ! Un objectif d'ailleurs qui, aussi dérisoire soit-il, n'est pas même atteint dans bien des Terminales où l'effectif peut encore frôler les 40 élèves par classe.
Dans les Seconde et Première, rien n'a changé non plus. Il fallait jusque-là être classé en lycée " zone sensible " pour avoir une limite à 30 élèves par classe, ce qui reste très élevé. L'un des critères retenus pour avoir la " chance " d'être classé en " zone sensible " est le niveau de violence scolaire et para-scolaire constaté dans et autour du lycée. De toute façon ces classements qui ne règlent rien sur le fond deviennent de plus en plus exceptionnels.
Les collèges ne sont pas mieux lotis et les effectifs restent là encore très souvent pléthoriques. Les quotas que fixe l'Education nationale sont anormalement élevés : 30 élèves par classe sauf si l'établissement est classé en Zone d'Education Prioritaire (les ZEP). Dans ce cas le chiffre est ramené à 25 élèves par classe. Mais là encore les ZEP sont implantées dans des quartiers ou des banlieues difficiles, où il faudrait accorder des moyens bien plus massifs pour travailler dans de bonnes conditions. Allègre lui-même avait évoqué 18 élèves par classe en Seine-Saint-Denis. Il est vrai que c'était au moment de la grève des enseignants de ce département. Depuis, il a oublié. Espérons que les lycéens en grève réussiront à lui rafraîchir la mémoire.