Bosch ELM Leblanc (Drancy et Bobigny - Région parisienne) : La colère contre les licencieurs01/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1629.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bosch ELM Leblanc (Drancy et Bobigny - Région parisienne) : La colère contre les licencieurs

Depuis plus de huit jours, depuis le 23 septembre où avait lieu la première réunion extraordinaire du Comité d'entreprise où la direction d'ELM-Leblanc devait présenter son projet de " plan social " de licenciement de 367 personnes, la colère est montée.

A la veille de la réunion, le bruit courait que ceux de l'établissement de Bobigny, que la direction veut fermer totalement, allaient venir bloquer l'usine principale, rue Diderot à Drancy. Emoi de la direction qui avait donné l'ordre, ce jour de CE extraordinaire, que les grilles ne soient pas ouvertes à 5 h 30 pour l'équipe du matin, qui avait dû attendre pour entrer un coup de téléphone du directeur. Arrivé à 7 heures, il donnait l'ordre de mettre sa voiture à l'abri ! Dans les ateliers, l'ambiance n'était guère au travail.

L'assemblée générale de toute l'usine convoquée par tous les syndicats fut sans doute la plus grosse que l'usine ait connue. Tout le monde était là : ceux de Bobigny venus en cortège, escortés par la police, très présente autour de l'usine depuis le matin, comme ceux de Diderot.

Après une prise de parole dénonçant les licenciements, les délégués CGT invitèrent les ouvriers à aller dire au patron ce qu'ils pensaient. Et la salle du CE fut envahie par près de 300 ouvriers. Protestation contre les licenciements, dénonciation du fait que les 2 000 F par année d'ancienneté proposés par la direction en guise de prime de départ étaient ridicules. Ils demandaient que cela soit mis en premier à l'ordre du jour de la réunion.

La direction refusant de " négocier sous la pression ", les ouvriers acceptèrent au bout d'une heure de sortir mais en restant devant la porte et les fenêtres ouvertes, prêts à entrer à nouveau ou à empêcher le patron de partir. Il fut donné jusqu'à 16 heures au patron pour annoncer la couleur.

Il proposa de doubler la somme et de passer à 4 000 F par année d'ancienneté. La salle fut à nouveau envahie. Il annonça ensuite 5 000 F et à nouveau, la réunion fut interrompue par les manifestants. Le soir, il en était à 10 000 F, après un coup de fil en Allemagne, au siège du groupe Bosch.

Les avis étaient alors partagés pour savoir si l'on pouvait accepter cette somme ou s'il fallait exiger plus. Mais une chose fusait de partout : ceux que la direction voulait mettre en préretraite ne toucheraient aucune indemnité de départ. Après discussions entre les ouvriers et la direction, celle-ci proposa pour eux une prime globale de 30 000 F, ainsi que le paiement de la part salariale des FNE, et accepta de payer la journée de grève.

L'ambiance avait donc été chaude. Aux assemblées qui ont eu lieu le lendemain, convoquées de bouche à oreille par la CGT, le constat fut que nous avions fait un premier pas mais que les 10 000 F par année d'ancienneté ne faisaient pas grand-chose, en fin de compte, avec ce qu'est le chômage aujourd'hui. Et pas grand-chose non plus pour Bosch qui regorge d'argent.

C'est la direction, elle-même, qui a remis le feu aux poudres dès le lundi 27, en menaçant de revenir sur sa promesse si la production ne reprenait pas au même rythme qu'avant l'annonce des licenciements. Alors le mardi 28 septembre dès 9 heures, au moment de la réunion ordinaire du CE, tout le monde était à nouveau rassemblé et envahissait la salle pour demander des comptes au patron. Toutes les portes de l'usine furent fermées, des palettes mises devant la grille principale, et le patron obligé de rester dans la salle pour faire de nouvelles propositions. Sous la pression, le directeur a alors commencé à lâcher un peu plus : 12 000 F par année d'ancienneté, puis 13 000, puis 14 000, pour finir, en soirée, à 15 000 F par année d'ancienneté avec un minimum à 40 000 F et 30 000 F pour ceux qui partiraient en FNE.

Ce fut l'étape du soir. L'affaire est loin d'être réglée. Personne ne tient le patron pour quitte. Les points du " plan social " sont scandaleux et la perspective de licenciements intolérable. Inadmissible que Bosch, un des grands trusts qui ont des usines aux quatre coins du monde comme Michelin, fasse des milliards de profits tout en jetant des travailleurs à la rue.

Partager