Pour diminuer le chômage : Interdiction des licenciements, contrôle de la population sur la gestion des entreprises24/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1628.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Pour diminuer le chômage : Interdiction des licenciements, contrôle de la population sur la gestion des entreprises

Après la scandaleuse décision de Michelin de supprimer 7 500 postes dans ses usines malgré des bénéfices en hausse, c'est au tour de Daewoo d'envisager des suppressions d'emplois et peut-être la fermeture de ses usines de Lorraine. Enfin, le PDG du nouveau trust pétrolier issu de la fusion de Total et d'Elf, s'il promet qu'il n'y aura pas de " licenciements secs ", annonce déjà des suppressions d'emplois.

Maintenant qu'il s'agit de licencier, Daewoo invoque les lois du marché. Mais l'entreprise n'avait jamais refusé, au nom des lois du marché, les subventions, les cadeaux fiscaux ! Elle n'a pas refusé un seul centime des centaines de millions accordés sur les finances publiques par le département, par la région, par les institutions européennes ! Et aucun des hommes politiques qui se sont vantés à l'époque d'avoir obtenu des créations d'emplois, grâce à ces millions généreusement distribués, n'exige aujourd'hui que ces sommes soient remboursées.

L'annonce provocante de Michelin qui a entraîné immédiatement la hausse à la Bourse des actions de l'entreprise résume l'attitude du grand patronat dans son ensemble. Mais contrairement à d'autres, elle a fait scandale, au point de faire réagir Jospin lui-même.

Mais il y a de quoi être indigné du cynisme avec lequel le chef du gouvernement s'est défaussé de ses responsabilités.

Le gouvernement aurait le pouvoir d'interdire les licenciements destinés à satisfaire les marchés financiers. C'est la volonté politique qui lui manque. Ne pas intervenir de façon autoritaire contre les patrons qui choisissent de pousser des milliers de familles ouvrières vers la misère, alors que leurs bénéfices suffiraient largement à maintenir tous les emplois, est aussi un choix. C'est le choix de favoriser encore plus les riches actionnaires au détriment des travailleurs et des chômeurs.

Il y a cependant une chose à retenir de la déclaration hypocrite de Jospin qui, dans son intervention télévisée, a fait mine de souhaiter une réaction des travailleurs. Puisque le gouvernement proclame lui-même son incapacité de réagir aux diktats du patronat, ce sera aux travailleurs d'imposer les mesures indispensables pour arrêter le désastre.

Les syndicats de chez Michelin ont organisé des manifestations mardi 21 septembre. Il est question de manifestations syndicales pour le début d'octobre. Le Parti Communiste a proposé, par la voix de Robert Hue à la fête de L'Humanité, l'organisation d'une grande manifestation d'organisations politiques.

Les militants de Lutte Ouvrière participeront à toutes ces manifestations car il est de l'intérêt du monde du travail qu'elles soient assez massives pour montrer que les travailleurs et les chômeurs en ont assez de recevoir des coups de la part du patronat et du gouvernement et qu'ils pourront bien commencer à les rendre !

Mais il ne s'agit pas seulement d'imposer un " moratoire " sur les licenciements qui ne ferait que repousser les délais pour les travailleurs menacés. Il faut les interdire sous peine d'expropriation au moins dans toutes les entreprises qui font du profit. Comme il faut imposer la reconnaissance du droit de contrôle des travailleurs et de la population sur les comptes et sur la gestion des grandes entreprises. Il est inacceptable que les groupes financiers aient le monopole de décisions qui affectent la vie de centaines ou de milliers de travailleurs et qui peuvent ruiner toute une région !

Mais ces manifestations n'impressionneront le patronat que si elles ne sont pas sans lendemain. Il faut qu'elles annoncent d'autres étapes, d'autres manifestations, accompagnées de grèves nationales, jusqu'à ce que l'ensemble des travailleurs retrouve confiance dans la lutte. Les travailleurs ont la force collective de faire reculer le patronat. Il faut qu'ils s'en servent !

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