Parlement européen : Un compte-rendu des députés de la liste LO-LCR24/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1628.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Parlement européen : Un compte-rendu des députés de la liste LO-LCR

Le clou du spectacle de la dernière session du Parlement européen devait être le vote sur la nouvelle Commission européenne dirigée par Prodi. Pensez donc : pour la première fois dans son histoire, ce Parlement européen sans pouvoir avait la possibilité d'user de celui, récemment accordé, de se prononcer sur l'investiture de la Commission européenne, cet exécutif dont la composition est en réalité négociée en coulisse entre les plus puissants des gouvernements nationaux.

Durant les semaines précédant le vote en assemblée plénière, chacun des 19 membres de la Commission a dû passer une audition devant les commissions du Parlement. Cette procédure est censée permettre aux parlementaires de vérifier si les impétrants sont compétents, honnêtes, etc. Les parlementaires n'ont pas le droit de refuser tel ou tel commissaire, mais ils peuvent en principe refuser l'ensemble de la Commission. Dans les faits, ces auditions fonctionnent comme tout le Parlement, c'est-à-dire toujours dans ce consensus mou où même les questions un peu pertinentes se perdent dans un fatras de réponses vagues et imprécises. Il n'en ressort jamais rien de concret sinon l'affirmation que chaque futur commissaire n'est bien entendu guidé que par le seul intérêt de l'Europe, des peuples, de l'avenir, du progrès, des nécessités économiques et de la démocratie...

Nos camarades, membres de diverses commissions, n'ont eu que quelques dizaines de secondes pour poser leurs questions aux commissaires en audition publique. Arlette Laguiller a eu 45 secondes pour demander à la commissaire Emploi ce qu'elle comptait faire pour aboutir à un salaire minimum européen aligné sur le plus élevé. Réponse en substance : " À chaque État d'établir ses règles ".

Roseline Vachetta est intervenue sur les questions de santé publique, en prenant l'exemple d'un secteur spécialisé, la gynécologie médicale, où la France avait développé une formation spécifique, aujourd'hui menacée. A en croire le commissaire, cela ne relève pas des compétences de la Commission.

Quant à Alain Krivine, il a dénoncé les accords de Schengen et l'aggravation des mesures frappant les immigrés. " Estimez-vous que la circulation des personnes dans l'Union européenne est aussi libre que celle des capitaux " ? Sa question n'a eu droit qu'à une réponse de pure forme.

Armonie Bordes a demandé que soit supprimée l'autorisation du travail de nuit pour les femmes et, au-delà, qu'il soit interdit à tous, en dehors des secteurs - hôpitaux, transports, etc. - où il est indispensable pour la vie sociale. Réponse : " Il est absurde de ne pas tenir compte des nécessités de la production ". Elle a aussi demandé ce que le commissaire comptait faire pour empêcher les licenciements, à l'occasion de restructurations. Elle a pris l'exemple de l'entreprise où elle-même travaille, Hoechst, en train de fusionner avec Rhône-Poulenc. Réponse : " Il ne faut pas nuire à la compétitivité des entreprises ".

La discussion en séance plénière était de la même eau que les auditions des commissaires. Tout le monde savait que, pour ce qui est du vote d'investiture, il y avait consensus autour de cette Commission qui, par-delà les différentes étiquettes des commissaires (dix sociaux-démocrates, sept démocrates chrétiens, deux libéraux et un Vert), représente les intérêts conjoints des plus puissants États de l'Union européenne et, derrière eux, les intérêts de leurs grands trusts respectifs.

Le jour du vote, bousculade de journalistes, arrivée des vedettes de la politique et congratulations, une fois Prodi et sa Commission investis. Le groupe GUE-NGL* a voté contre l'investiture, après quelques hésitations cependant. Quant au représentant des Verts, il a fait état des divergences dans son groupe sur la question, chacun votant ensuite comme il l'entendait. Les députés LO-LCR ont bien entendu voté contre, et Arlette Laguiller a donné en séance plénière nos raisons, qui sont plus fondamentales que celles évoquées par Wurtz au nom de la GUE-NGL.

Alain Krivine est de son côté intervenu au nom des députés LO-LCR dans la discussion sur la situation au Timor et a déposé une motion écrite sur le Kosovo. Arlette Laguiller en a déposé une concernant les futures discussions au Conseil de l'Europe pour élaborer une " Charte des droits fondamentaux ". Elle a également profité du débat sur le fonctionnement des institutions européennes pour dénoncer les nombreuses irrégularités du Parlement européen lui-même pour ce qui est des conditions de travail et de salaire de ses propres employés. Inutile de dire que cette intervention était plus commentée par le personnel du Parlement que par les députés...

* Nous rappelons que le groupe Gauche Unitaire Européenne-Gauche Verte Nordique, auquel les députés LO-LCR sont associés, est composé de députés des Partis Communistes de plusieurs pays, dont le PCF, et de diverses formations à la gauche des PS.

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