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- Lutte ouvrière n°1628
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Leur société
Le coup des 35 heures
Le passage aux 35 heures représente un cadeau énorme... pour les patrons : 110 milliards de francs par an leur seront versés par l'État !
En passant formellement aux 35 heures, les patrons bénéficieront en effet, même sans embaucher, d'une réduction importante des cotisations sociales sur les salaires inférieurs à 1,8 fois le SMIC, et d'un cadeau supplémentaire de 4 000 francs par an et par salarié (empoché par l'employeur bien sûr).
Qui va payer cela ? Pour une petite partie, le patronat lui-même : 12,5 milliards de taxes sur les entreprises polluantes et la même somme au titre d'une " contribution sociale sur les bénéfices " si l'on s'arrête à la présentation officielle du futur budget. Mais l'écotaxe sera largement compensée par la baisse des impôts sur les entreprises. Vingt-cinq milliards donc, dépensés pour en gagner cent dix. Pas mal !
Pour la plus grande partie, cet argent sera pris directement... dans la poche des travailleurs : une partie de la majoration des heures supplémentaires sera versée dans la corbeille des 35 heures, ainsi qu'une partie de la taxe sur le tabac. Par ailleurs, l'État entend faire payer 40 milliards de francs à la Sécurité sociale et à l'UNEDIC (la caisse du chômage) sous prétexte qu'avec les embauches attendues, ces caisses verraient augmenter leurs ressources !
Quel culot ! D'une part, les entreprises qui sont déjà passées à 35 heures n'ont pratiquement pas embauché - l'État parle d'ailleurs d'emplois " créés ou maintenus ", ne pouvant, le plus souvent, parler d'emplois créés.
D'autre part, même si les caisses de la Sécu ou du chômage voient leurs recettes augmenter, les sommes en question ne devraient-elles pas être affectées à l'augmentation des remboursements de soins ou à l'augmentation des allocations de chômage, qui n'ont pas arrêté de baisser toutes ces années ?
Mais la politique du gouvernement vise à baisser le coût du travail. Et donc pour le financement de ce qui s'appelle " réduction du temps de travail " et qui est surtout une façon de distribuer de l'argent aux employeurs, le gouvernement a tout simplement prévu de prendre dans la poche des salariés.