Des villes sans voitures... à condition de s'en donner les moyens24/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1628.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Des villes sans voitures... à condition de s'en donner les moyens

Une soixantaine de villes ont organisé le 23 septembre une " journée sans voiture " parrainée par le ministère de l'Environnement. En fait, l'ambition se limitait à bannir la voiture d'un périmètre parfois assez limité du centre des agglomérations. Étendue à la périphérie, une telle opération serait devenue impraticable, parce que trop gênante pour trop de gens, étant donné l'insuffisance crasse des transports collectifs au-delà des centres villes. Cette prudence illustre la difficulté bien concrète de la situation. Une difficulté que vivent quotidiennement des millions de travailleurs, sans que la ministre de l'Environnement pas plus que son collègue des Transports n'y portent d'autres remèdes que symboliques, une ou deux fois par an.

Rares sont les réseaux de bus qui ont été étendus et les services renforcés alors que désormais 30 % des citadins habitent en périphérie des agglomérations (de 10 à 40 km du centre) et parcourent en moyenne 14 km (aller) pour se rendre à leur travail, et 6 km pour leurs courses, depuis que les supermarchés ont éliminé les commerces de proximité. Les horaires de plus en plus complexes du point de vue de la vie des travailleurs diminuent encore les possibilités d'emprunter les transports en commun, qui, quand ils existent, fonctionnent de façon réduite en dehors des heures dites normales.

Ainsi, une grande partie de la population laborieuse est particulièrement exposée aux embouteillages, au bruit émis par la circulation, à la pollution atmosphérique. Il est de bon ton actuellement de dénoncer les dégâts causés à la qualité de vie par la circulation automobile, mais les remèdes se limitent à quelques secteurs au centre des villes. Et on se montre discret sur les responsabilités, sur la complicité tacite ou la démission des gouvernements devant les producteurs automobiles, leurs fournisseurs, devant les trusts pétroliers.

En milieu rural, la situation n'est pas en passe non plus de s'améliorer. Pour la desserte de quelques petites communes, des services de transport à la demande (sans horaires fixes) ont été mis en place, mais ce n'est qu'une goutte d'eau. La SNCF a fermé des lignes, les départements n'ont même pas l'obligation d'inscrire des dépenses pour les transports en commun, en dehors du ramassage scolaire.

Il n'est donc pas étonnant qu'au total, la part de la voiture dépasse les quatre cinquièmes des déplacements et continue de s'accroître.

Il y aurait moyen de changer les choses, y compris dans l'immédiat, sans même attendre la réalisation de travaux qui, par la force des choses, prennent des mois, voire des années.

Sans tarder on pourrait multiplier les services de bus, de cars, et réduire le prix des transports en commun, et pourquoi pas, les rendre gratuits. Des calculs ont été faits qui montrent que, du point de vue de la collectivité, le développement des transports en commun coûterait beaucoup moins cher que celui de la voiture individuelle, si l'on prenait en compte notamment les heures perdues dans les embouteillages et les nuisances sur la santé.

Cela éviterait en tout cas les vains bavardages des ministres s'évertuant à convaincre la population d'utiliser des transports en commun.

Partager