Cyclones : Phénomènes naturels et responsabilité sociale24/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1628.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cyclones : Phénomènes naturels et responsabilité sociale

Le cyclone Floyd, qui s'est abattu sur la côte ouest des États-Unis, n'a finalement fait que quelques victimes. Et pas seulement parce qu'il a dévié, au dernier moment, de la trajectoire prévue. On ne peut s'empêcher de comparer à ce qui se passe lorsque ces cataclysmes s'abattent sur des régions beaucoup plus pauvres, en Asie par exemple.

Aux États-unis, les victimes des cyclones, ces dernières années, se sont toujours comptées par dizaines au maximum, alors qu'au Bangladesh, ce sont des milliers ou des dizaines de milliers de personnes qui périssent, voire plus. En avril 1991, 125 000 personnes sont mortes. Et en 1970, 300 000. Aux États-Unis, à l'approche de Flyod, on a pu voir comment l'ensemble de la population menacée a été prévenue des jours à l'avance. Dans les pays pauvres, la météo a beau prévoir la catastrophe, l'alerte n'atteint même pas la majorité de la population, faute d'équipements assurant l'information, tels la radio, les journaux, le téléphone, et aussi, - mais c'est aussi l'un des effets de la pauvreté - du fait de l'analphabétisme. Mais y aurait-il ces moyens que cela ne changerait malheureusement pas grand-chose. L'évacuation de plus de 3 millions de personnes, de la pointe de la Floride à la Caroline du Nord, a tout au plus donné lieu à des embouteillages monstres. En Asie les habitants, même prévenus, n'ont dans leur majorité aucun moyen de fuir, ni d'endroits où se réfugier, et se trouvent pris au piège dans la zone menacée.

La catastrophe naturelle la plus meurtrière survenue aux États-Unis a eu lieu dans le port Texan de Galveston, situé sur une île, où un cyclone avait provoqué la noyade de 8 000 personnes. Mais c'était en 1900. Depuis, la ville fut reconstruite, protégée par une digue de 5 m, si bien que 15 ans après un nouveau cyclone ne fit que 8 morts. Mais sur les îles du delta du Gange ou du Brahmapoutre, cyclone après cyclone, des milliers de personnes viennent se réinstaller exactement dans les mêmes conditions, sans que rien ne soit entrepris pour les protéger.

Réduire au minimum les conséquences de cataclysmes comme les cyclones, mais aussi par exemple les tremblements de terre, n'a rien de techniquement impossible. L'exemple des États-Unis le montre.

Car si les phénomènes naturels encore mal connus ne sont pas maîtrisables, les effets peuvent l'être. À condition de maîtriser le système économique dominant qui engendre d'un côté la pauvreté et le dénuement, pour permettre de l'autre l'accumulation des richesses au profit d'une fraction de riches exploiteurs, qui s'engraissent en appauvrissant la majorité de la planète. Et cela, on pourrait y mettre fin, bien avant même que l'on maîtrise vraiment la prévision des trajectoires des cyclones.

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