Bosch - ELM leblanc (Drancy, 93) : La colère monte à l'annonce du " plan social "24/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1628.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bosch - ELM leblanc (Drancy, 93) : La colère monte à l'annonce du " plan social "

Dès la rentrée de septembre la direction d'ELM Leblanc, usine de chaudières à gaz de Drancy appartenant au groupe Bosch, a relancé la procédure préalable aux 367 licenciements (un tiers des effectifs de l'entreprise) qu'elle avait annoncés en mai dernier.

La réaction des travailleurs, qui avaient manifesté à plusieurs reprises avant les vacances, le refus de tous les syndicats de l'usine d'accepter de discuter des 35 heures dans ce cadre-là, ou d'accepter une consultation du CE sur les projets de réorganisation de la production (démarche obligatoire pour la direction) tant que la direction n'annonçait pas ses intentions en matière de " plan social ", avaient retardé les échéances.

Alors, au retour des congés, la direction a tenté une manoeuvre : après avoir porté plainte contre le secrétaire du CE pour avoir fait reporter une réunion extraordinaire du CE, elle la retirait en demandant en échange aux quatre syndicats de l'entreprise de signer un protocole d'accord sur le calendrier des séances du CE obligatoires dans une procédure de licenciement collectif ; un calendrier qui devrait lui permettre de boucler toute la procédure d'ici le 18 novembre prochain. Seul le syndicat CGT de l'entreprise a refusé ce petit chantage et n'a pas signé le protocole.

Mais si, faute d'avoir obtenu le consensus qu'elle cherchait, la direction se consolait peut-être en se disant qu'elle avait au moins glissé un petit coin entre les syndicats, c'était sans compter sur les réactions des travailleurs. Au fur et à mesure que les détails du projet de la direction sont annoncés, et que s'approche la date de la première réunion extraordinaire du CE, qui aura lieu jeudi 23 septembre, le climat dans l'entreprise commence à redevenir celui du printemps dernier, en un peu plus chaud.

La semaine dernière la direction annonçait son projet concernant les 35 heures, dont elle compte faire l'un des éléments de son " plan social ", ne serait-ce que pour toucher les primes Aubry. Au menu, pour ceux qui ne seront pas dans la charrette de licenciements, il y a le travail du samedi, ce qui est resté au travers du gosier de tout le monde. Pour le service après-vente, ELM fait encore plus fort. Au lieu de prendre leur service à l'agence, les dépanneurs verraient leur temps de travail décompté à partir de l'arrivée au domicile du premier client de la journée, jusqu'à l'heure de départ du dernier dépannage, temps de trajet non compté : de quoi faire faire plus de travail effectif en 35 heures qu'aujourd'hui en 39.

En fin de semaine, vendredi 17 septembre, la direction a eu sa première surprise, alors que les administrateurs du groupe Bosch France venaient, avec tout l'aréopage des huiles d'ELM, faire une tournée d'inspection dans la partie principale de l'usine, celle de la rue Diderot à Drancy : à peine arrivés dans les ateliers, ces messieurs se sont fait alpaguer par les ouvrières et ouvriers de la chaîne et ont dû presser le pas pour s'échapper sous les quolibets.

Lundi 20, la direction publiait les détails du " plan social " qu'elle doit soumettre à la réunion du CE du jeudi 23. Bosch entend ne pas verser un centime d'indemnité supplémentaire pour ceux qu'il compte pouvoir envoyer en préretraite grâce au FNE. Pour les autres licenciés il envisage de ne donner, en plus des indemnités conventionnelles de la métallurgie, que 2 000 F d'indemnité par année d'ancienneté, soit à peine quelques mois de salaire d'avance pour ceux qui vont se retrouver à la porte après avoir passé 20 ou 25 ans à ELM.

Cette fois c'est dans l'autre moitié de l'usine, située sur la commune de Bobigny, que la colère a éclaté. Il faut dire que là, c'est la quasi-totalité des ateliers qui doit disparaître, puisque la production de ce secteur doit être transférée en Turquie, où Bosch a une usine dont la main-d'oeuvre lui revient six fois moins cher qu'en France. Après avoir arrêté le travail pour discuter, plus de la moitié de l'atelier est partie en cortège à l'usine principale. Et avec ceux de l'autre usine, nous sommes montés défiler dans les étages de la direction qui ne s'attendait pas à une réaction spontanée aussi rapide.

Tout le monde se prépare pour la journée du 23, où un rassemblement de toute l'usine est prévu à l'heure où doit se tenir la réunion du CE. En cette rentrée de l'automne 1999, où les plans de licenciements pleuvent, où l'annonce des licenciements à Michelin a scandalisé tout le monde, nous avons plus de chance qu'à la veille de l'été de réussir à nous faire entendre, de trouver des soutiens et des alliés, et de faire en sorte que notre lutte contre les licenciements ne reste pas isolée.

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