États-Unis : dans l’automobile, la grève continue25/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2882.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : dans l’automobile, la grève continue

La grève qui touche les usines automobiles des États-Unis entre dans sa sixième semaine. Le syndicat UAW qui la mène est cependant loin d’avoir mobilisé toutes les forces des travailleurs du secteur pour faire plier les trois grands constructeurs, General Motors, Ford et Stellantis, chez lesquels il est implanté.

La grève a commencé le 16 septembre, au moment où le précédent contrat collectif expirait. Pour la première fois depuis des dizaines d’années, la direction syndicale de l’UAW et son nouveau président, Shawn Fain, ont déclenché la lutte simultanément chez les trois grands constructeurs, mais dans une seule usine de chacun d’eux dans un premier temps.

Les revendications d’une augmentation des salaires de 46 % pour compenser l’inflation passée et future et de la fin du statut dérogatoire imposé aux nouveaux embauchés, qui sont sous-payés, ont moins de couverture maladie et moins de congés, ont un large soutien. Avec leurs 250 milliards de dollars de bénéfices ces dix dernières années en Amérique du Nord, les trois grands constructeurs ont parfaitement de quoi les satisfaire.

Depuis le début de la grève, Fain explique régulièrement dans des vidéos que sa tactique est de faire pression au coup par coup sur tel ou tel patron, pour faire sauter les points de blocage lors des négociations du nouveau contrat qui ont lieu derrière des portes closes. Ainsi il a appelé une nouvelle usine par-ci, une autre par-là, à rejoindre la grève. Le 23 octobre, ce sont les 6 800 ouvriers de la plus grosse usine Stellantis des États-Unis, dans le Michigan, qui ont rejoint la grève. Mais, à ce jour, le nombre total de grévistes n’est que de 40 000 : le syndicat organise en fait une grève partielle, imposant à plus de 100 000 de leurs collègues syndiqués d’être les spectateurs de cette lutte.

Ce faisant, l’UAW peut entraîner le découragement des grévistes de la première heure, car les 500 dollars par semaine d’indemnité que leur verse le syndicat sont moindres que la paye entière que continuent à toucher les ouvriers encore au travail. De plus, le syndicat ignore volontairement la sympathie que cette grève et ses revendications suscitent dans d’autres secteurs que l’automobile, où se déroulent aussi des grèves, tout autant sous contrôle syndical. Bien que proclamant l’unité des travailleurs, la direction syndicale organise en pratique leur division.

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