Condamner la politique de Netanyahou n’est pas de l’antisémitisme25/10/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/10/P2_22_octobre_2023_a_Paris_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Condamner la politique de Netanyahou n’est pas de l’antisémitisme

Pour une grande partie des médias, la cause est entendue : ceux qui dénoncent la politique de l’État d’Israël, qui affirment que son armée se livre à un massacre dans la bande de Gaza ou qui rappellent que c’est précisément la politique de colonisation israélienne qui a conduit à la situation actuelle seraient des antisémites.

Illustration - Condamner la politique de Netanyahou n’est pas de l’antisémitisme

L’accusation se veut infamante et elle l’est en effet car l’antisémitisme, la haine des Juifs, est l’une des pires pestilences produites par l’Occident chrétien et réutilisée par le monde capitaliste. Sans remonter plus loin, l’antisémitisme tint lieu de politique à l’extrême droite en France, ouvertement de l’affaire Dreyfus jusqu’à la collaboration avec les nazis, à demi-mots depuis. L’empire des tsars en fit une politique d’État et organisait des pogroms pour tenter de dévoyer la révolte populaire. Enfin, l’antisémitisme poussé jusqu’au délire servit de véhicule au parti nazi dans sa conquête du pouvoir puis mena au massacre de plus de six millions de Juifs. Le mouvement ouvrier l’a évidemment toujours combattu et la réaction n’a jamais manqué de confondre dans sa détestation et dans sa répression les Juifs et les révolutionnaires.

Les tenants de l’ordre établi tentent aujourd’hui d’inverser les choses. Pourtant successeurs de générations d’antisémites patentés en France comme aux États-Unis et dans les autres pays impérialistes, ils affirment que la défense inconditionnelle d’Israël et la défense des Juifs en général contre l’antisémitisme se confondent. C’est un mensonge éhonté et surtout intéressé. En fait, ni le mouvement sioniste d’avant 1948, ni l’État d’Israël ensuite n’ont jamais regroupé ni représenté l’ensemble des Juifs, c’est-à-dire les cibles potentielles des antisémites. Il y a évidemment en ­Israël et dans tous les pays des voix juives qui s’élèvent contre le sionisme, contre la colonisation, contre le bombardement de Gaza, pour un État regroupant tous les peuples vivant sur la terre de Palestine et qui refusent de se sentir représentés par un Netanyahou et par sa politique.

Les progrès de la civilisation étant souvent à rebours, la catastrophe n’est jamais loin et il est exact que la persécution des Juifs est une maladie à rechutes possibles. Pourtant, dire que l’existence d’Israël serait la protection ultime des Juifs persécutés ou menacés est une illusion dangereuse. La politique d’Israël, le fait qu’il soit devenu la base avancée de l’impérialisme au Moyen-Orient obligent ses habitants à une vie de mensonge consistant à ignorer l’enfer de l’autre côté du mur. Cette politique les contraint à être des gardiens de prison ou des soldats sur le qui-vive et attire sur eux la haine de populations entières. L’existence d’Israël ne protège pas non plus les Juifs vivant dans d’autres pays, c’est-à-dire la majorité d’entre eux, à qui la perspective d’émigrer pour se transformer en soldats au Moyen-Orient ne sourit pas forcément. Enfin, plus l’existence d’Israël est suspendue au soutien militaire de l’impérialisme américain et plus en fait elle est incertaine. La garantie pour la population d’Israël de pouvoir continuer à y vivre ne peut être que dans la recherche d’une véritable coexistence avec les peuples de la région.

Condamner et combattre la politique d’Israël et celle de l’impérialisme au nom d’une révolution prolétarienne qui permettrait aux peuples de coexister dans le respect de leurs identités nationales n’a rien de commun avec l’antisémitisme. C’est au contraire combattre pour un monde enfin débarrassé d’un fléau moyen­âgeux sans cesse ravivé, comme bien d’autres, par l’impérialisme pourrissant.

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