Glyphosate : une autorisation sous influence27/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2878.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Glyphosate : une autorisation sous influence

Le glyphosate, un herbicide très utilisé en agriculture, devait être interdit dans l’Union européenne à partir de la mi-décembre 2023, du fait de sa dangerosité. Mais la Commission européenne a proposé de prolonger son autorisation jusqu’en décembre 2033.

Cette substance, commercialisée entre autres sous le nom de Roundup, le produit phare de Monsanto puis de Bayer (qui a racheté Monsanto en 2016), a pourtant été classée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) comme « cancérogène possible » dès 1985, puis comme « cancérogène probable » quelque temps après.

En 2021, l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a estimé que les nombreuses études scientifiques publiées sur le sujet confirmaient un lien entre l’exposition à cette substance et plusieurs pathologies concernant le cerveau (maladie de Parkinson), les poumons (bronchite chronique), la prostate et le système immunitaire (risques de cancers).

En 2022, une étude a mesuré la présence de glyphosate dans les urines de la population française : elle estime que 99,8 % des habitants seraient contaminés, et tout particulièrement certains travailleurs de la terre, comme les ouvriers viticoles.

Qu’à cela ne tienne ! L’avis de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) sur le glyphosate, émis en juillet 2023 et sur lequel se fonde la Commission européenne pour autoriser cet herbicide, affirme ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et l’environnement.

L’EFSA a fondé cet avis essentiellement sur des rapports élaborés par les industriels eux-mêmes, et a exclu 90 % de la littérature scientifique mettant en cause le glyphosate, c’est-à-dire des milliers d’études, mises de côté les unes après les autres sous des prétextes fallacieux.

Ce n’est que le fonctionnement habituel des institutions censées protéger la santé des populations, mais qui font preuve de complaisance à l’égard des industriels de la chimie et de la pharmacie. Pour autoriser la mise sur le marché d’un nouveau produit chimique, elles se fondent sur les études réalisées par l’industriel lui-même concernant sa toxicité éventuelle. Quand plus tard cette toxicité est révélée par des sources indépendantes, les industriels multiplient les études prétendument scientifiques dans le but de la mettre en doute. Et c’est sur ces études que les institutions s’appuient pour affirmer qu’il n’y a pas de problème de toxicité !

La décision de prolonger l’autorisation du glyphosate devrait être prise à la mi- octobre. Les dirigeants français ne disent pas clairement quelle position ils vont défendre, mais il est sûr que Macron a abandonné depuis longtemps la promesse faite en 2017 de l’interdire totalement en 2021. Le glyphosate est toujours autorisé en agriculture, moyennant quelques précautions d’usage.

Pour l’Union européenne, et pour Macron, les lobbys de l’industrie chimique et de l’agriculture capitaliste pèsent plus que la santé des habitants et des travailleurs de la terre.

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