Police : l’impunité des forces de l’ordre bourgeois12/07/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/07/P4-1_Manifestation_parisienne_du_5_decembre_2020_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Police : l’impunité des forces de l’ordre bourgeois

Jeudi 6 juillet, la cour d’appel de Versailles a décidé le maintien en détention provisoire du policier meurtrier de Nahel. Cela ne présage rien des suites judiciaires de l’affaire car la clémence des tribunaux pour les policiers n’est pas une légende.

Illustration - l’impunité des forces de l’ordre bourgeois

Depuis les émeutes de 2005, pour lesquels les deux policiers poursuivis pour la mort de Zyed et Bouna ont été définitivement relaxés en 2015, plus de cinquante personnes ont été tuées par la police dans des circonstances suivies d’enquêtes judiciaires. Celles-ci se sont conclues par une litanie de non-lieux, parfois par de la prison avec sursis, des années après les faits. Les policiers et les gendarmes sont armés et l’État leur donne le droit de tuer.

La liste des victimes d’interpellations fatales est longue. Parmi les plus récentes, pour celle d’Adama Traoré en juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise, aucun gendarme n’est poursuivi jusqu’à maintenant. Pour celle de Cédric Chouviat, mort étouffé à Paris en janvier 2020, seule une information judiciaire reste ouverte.

La mort à Marseille de Zineb Redouane en décembre 2018, tuée à son balcon par une grenade lacrymogène lors d’une manifestation de gilets jaunes, est considérée par Amnesty international comme « emblématique des difficultés d’accès à la justice en France pour les victimes de violences policières ». Pour Steve Maia ­Caniço, mort noyé dans la Loire après une charge policière lors de la fête de la musique à Nantes en 2019, la procédure est toujours en cours.

La clémence de la justice vis-à-vis de la police quand elle agit de façon abjecte ou quand elle tue n’est ni une surprise ni inédite. L’impunité a toujours été garantie aux policiers du rang comme à la hiérarchie, même quand ils se sont compromis dans des crimes de masse, que ce soit en octobre 1961, contre les Algériens exécutés par balles à Paris jusque dans la cour de la Préfecture de police ou jetés dans la Seine, ou au moment de la rafle du Vel d’Hiv pendant l’Occupation, quand la police française participait à la traque des Juifs.

Des générations de policiers sont dressés avec ce sentiment de toute-puissance. C’est indispensable pour qu’ils assurent leur tâche fondamentale : garantir le pouvoir des classes dominantes en contraignant les classes populaires à la soumission, dans les quartiers comme sur les lieux de travail.

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