Dans les entreprises

Fret SNCF : 5 000 travailleurs menacés

Après des semaines de rumeurs, le ministre des Transports, Clément Beaune, a réuni le 23 mai les syndicats pour annoncer une restructuration de la filiale Fret de la SNCF, qui va frapper 5 000 travailleurs.

5 000 travailleurs menacés

Fret SNCF va être liquidée, avec 500 postes supprimés et la coupure de l’entreprise en deux filiales dont le capital serait ouvert au privé ; 30 % des trafics devraient être cédés à d’autres entreprises.

Formellement, cette annonce fait suite à une enquête pour distorsion de concurrence lancée par la Commission européenne après la plainte d’entreprises concurrentes déposée en janvier dernier. Celles-ci accusent l’État d’avoir favorisé Fret SNCF en reprenant à sa charge une dette de 5,3 milliards d’euros. En réalité, ce plan est l’aboutissement de quinze ans d’attaques, où chaque gouvernement, de gauche comme de droite, a prétendu « sauver le fret ». L’enquête de la Commission européenne sert de prétexte pour achever un processus de démembrement au profit des capitalistes du secteur, entamé en fait en 2006.

En France, celui-ci compte plus de vingt entreprises concurrentes, dont les plus grosses sont la SNCF et DB Cargo, elles-mêmes impliquées dans cette guerre commerciale. En 2022, la SNCF a ainsi racheté une compagnie portugaise, Takargo, via une de ses propres filiales privées, Captrain. En Allemagne, la filiale fret de la Deutsche Bahn – DB Cargo – est menacée pour des raisons similaires. La plainte pour distorsion de concurrence s’inscrit dans la rivalité permanente entre ces entreprises.

Dans cette guerre entre capitalistes, ce sont les travailleurs qui paient. À Fret SNCF, les conditions de travail se dégradent depuis des années. Au triage de Sibelin près de Lyon, elles sont telles que les intérimaires n’y restent pas. Les conducteurs de train de la SNCF comme de DB Cargo ont des journées de travail de plus en plus chargées. Dans les bureaux du Fret de Lyon, les agents sont débordés de travail, plusieurs ont fait des burn-out. Ces reculs sur les salaires et les conditions de travail sont bien antérieurs au plan Beaune.

Alors, chez les cheminots de Fret SNCF, l’idée que l’on a déjà suffisamment accepté de sacrifices fait son chemin, d’autant plus qu’il est évident que le gouvernement et la direction ne cessent de mentir. Ainsi, lors de la filialisation du fret, la direction avait prétendu que les filiales resteraient liées à la SNCF. Elle se veut rassurante mais reste muette sur les conséquences concrètes de ce plan.

Les cheminots savent qu’en étant coupés de la SNCF, ils perdront la possibilité de retrouver un poste en son sein, et divers droits et services qui comptent dans les conditions de travail, comme l’accès à des cabinets médicaux par exemple. Les travailleurs de Fret SNCF ne sont en rien responsables de la guerre des patrons du rail pour les marchés. ils n’ont pas à la payer, mais à se battre.

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