Dans les entreprises

PSA – Poissy : intérimaires en colère

Vendredi 12 mai, 70 ouvriers intérimaires de l’équipe de nuit de l’usine PSA de Poissy, dans les Yvelines, ont débrayé. Les raisons de la colère se concentrent autour des salaires et des cadences. Les intérimaires sont au total 450 sur l’ensemble de cette usine de montage automobile et ils sont majoritaires sur certaines chaînes du Montage.

Nombre d’intérimaires se sont retrouvés avec la paye du mois d’avril amputée de 200 à 300 euros, pour se retrouver avec 1 100 euros voire 1 000 euros pour ceux qui sont en équipe 2x8. Pour ceux qui étaient déjà à l’usine en mars, cela fait deux mois de suite que ni PSA ni les entreprises d’intérim ne payent les journées de chômage partiel. « Quand tu viens travailler, ce n’est pas pour toucher une misère », disaient avec colère les grévistes rassemblés.

Les patrons, PSA et les entreprises d’intérim, se renvoient la balle ; une façon d’être complices pour ne pas payer le chômage. Mais tout le monde voit bien qu’en tant que donneur d’ordres, PSA est le premier responsable. À cela s’ajoute la combine de PSA qui interrompt le contrat d’un intérimaire le temps d’un pont avec un jour férié pour reprendre ensuite immédiatement le même ouvrier au même poste : tout pour ne pas avoir à payer les ponts avec les jours fériés ou des jours de chômage.

Sur les cadences, la direction utilise dans les trois équipes du Montage un dispositif GJP (garantie journalière de production) lui permettant d’imposer de travailler pendant dix minutes supplémentaires en prenant sur une des deux pauses de vingt minutes. D’exceptionnel, ce vol de la pause est devenu quotidien. En équipe de nuit, la cadence est régulièrement poussée à fond. Dernièrement, le record a été atteint, avec 293 voitures au lieu des 266 prévues. C’est tout cela que les grévistes sont allés dire collectivement au chef d’atelier de nuit (RG).

Les chefs ont réagi en menaçant les grévistes d’être mis en fin de mission et sur liste rouge. Les entreprises d’intérim les ont bombardés de SMS, commençant par rappeler que le droit de grève est un droit, poursuivant sur d’autres façons de faire… et finissant par dire qu’un intérimaire n’aurait pas le droit de quitter son poste sans l’autorisation d’un chef. Curieuse conception du droit de grève.

Peine perdue, la contestation est toujours là et s’est aussi exprimée en journée. Mardi 16 mai, en équipe du matin, 40 ouvriers se sont réunis et 30 ont poursuivi par un débrayage et une tournée d’atelier, ce qui a arrêté les lignes du Montage. Le responsable des Ressources humaines (RH) présent a refusé de répondre aux grévistes. Le lendemain, 15 ouvriers de nuit ont de nouveau débrayé en début de poste.

Lundi 22 mai, la direction, craignant un nouveau débrayage, avait rassemblé plusieurs dizaines de cadres et un huissier de justice près d’un des lieux de pause du Montage. Les ouvriers autour commentaient cette peur d’une nouvelle grève éprouvée par la direction.

Les travailleurs intérimaires eux, étaient contents d’avoir marqué le coup, et bien conscients qu’il leur faudra recommencer en étant plus nombreux.

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