RSA : une attaque contre tous les travailleurs10/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2858.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

RSA : une attaque contre tous les travailleurs

Fin avril, au Sénat, Élisabeth Borne, la Première ministre, a annoncé le prochain conditionnement du versement de l’allocation du RSA à 15 ou 20 heures d’activité, sous peine de radiation.

Quelques jours plus tard, le ministre du travail, Olivier Dussopt, a précisé que cette réforme s’appliquerait dès 2024. On est un peu plus entré dans la guerre aux pauvres, qui est aussi en fait une guerre à toute la classe ouvrière. C’est le 30 novembre 1988 que Michel Rocard, le Premier ministre socialiste de Mitterrand, a institué le RMI, le revenu minimum d’insertion, au moment où le chômage recensé officiellement atteignait les 10 % de la population active. Il s’agissait essentiellement d’allouer une petite allocation aux chômeurs de longue durée qui avaient épuisé tous leurs droits au chômage et se retrouvaient sans aucune ressource. En 2008, histoire de changer de mot, le RMI est devenu le RSA. Au début il comprenait aussi un complément aux tout petits salaires mais, depuis, cela a été remplacé par la prime d’activité.

Le RSA ne concerne aujourd’hui que ceux qui n’ont pas de travail et sont sans ressource. Il se monte à 607,75 euros pour une personne seule. Pour un couple, il arrive à 911,63 euros, et pour un couple avec deux enfants à 1 279,29 euros. Mais en réalité il y a une soustraction pour tenir compte des APL, les aides au logement, que reçoivent les titulaires du RSA. Les ressources réelles sont alors respectivement de 534,82 euros, puis de 766,77 pour un couple et 913,46 pour un couple avec deux enfants. En outre, les titulaires du RSA sont privés de tous les droits à la retraite, ce qui en fait, à l’avance, des super-pauvres jusqu’à leur mort.

Un peu moins de deux millions de personnes touchent le RSA, 40 % sont inscrites à Pôle emploi. Cela veut dire que 1,2 million de personnes touchant le RSA ne sont même plus comptabilisées dans les chiffres des sans-emploi. Et en effet pourquoi s’acharner à aller pointer tous les mois à Pôle emploi, quand depuis des années on n’a eu aucune proposition, si ce n’est parfois des contrats d’un jour ou deux, qui font perdre le peu que l’on touche ?

Cette pression sur les allocataires du RSA a plusieurs objectifs. Il s’agit d’abord de réduire les prestations sociales et de réserver les fonds publics aux capitalistes. C’est en même temps une pression à la baisse sur les salaires. Il s’agirait d’obliger en particulier les plus jeunes des bénéficiaires du RSA (qu’on peut toucher aujourd’hui à partir de 18 ans sous certaines conditions), à accepter n’importe quel travail au salaire le plus misérable et aux conditions les plus indignes. C’est c’est aussi en cela qu’il s’agit d’une attaque contre tous les travailleurs.

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