Leur société

Mouvement contre la réforme des retraites : et maintenant ?

Après treize journées de manifestations réussies, alors que le rejet de la réforme des retraites reste unanime dans le monde du travail, au lendemain d’un 1er Mai où l’on a vu s’exprimer la colère des opprimés et la joie de se retrouver ensemble, chacun se demande comment continuer.

et maintenant ?

Non seulement le gouvernement ne recule pas mais il prépare de nouvelles attaques. Il ne le fait pas à cause d’une quelconque surdité ou parce qu’il serait coupé des réalités et ne saurait pas comment vivent les petites gens, comme le prétendent trop facilement ses opposants politiques. Il le fait sur ordre, pour conforter les profits des grandes entreprises, pour assurer les rentes des gros actionnaires, pour tenter de faire baisser la tête aux travailleurs et, marginalement, pour la gloriole lamentable de la coterie macronienne.

L’Intersyndicale, réunie mardi 2 mai, propose une nouvelle journée de manifestations le 6 juin, soit deux jours avant le passage à l’Assemblée d’une proposition visant à ramener l’âge de départ en retraite à 62 ans. Ni le fait que cette motion soit présentée par des députés d’un groupe prêt à se rallier au plus offrant, ni les rebuffades parlementaires d’hier, ni même l’espoir mis dans les votes des parlementaires de la droite et de l’extrême droite ne semblent rebuter l’Intersyndicale. D’ici le 8 juin, elle propose d’aller convaincre les députés de voter en ce sens à la date fatidique. C’est une fois de plus demander aux travailleurs de remettre leur sort entre les blanches mains parlementaires.

En attendant, les dirigeants des centrales syndicales retrouveraient leur train-train habituel et iraient négocier, c’est-à-dire accepter les reculs en les présentant comme des victoires, de cabinets ministériels en antichambres patronales. Il est déjà question de répondre, ensemble ou séparément, à l’invitation de la Première ministre, avec, en cadeau de retrouvailles, une orangeade et une photo sur le perron de Matignon.

Mais les travailleurs ont les moyens de troubler les calculs des uns et des autres. Durant quatre mois ils ont répondu présent dans les manifestations, des centaines de milliers ont participé à des grèves et combien ont apporté leur pierre, d’un mot, d’un sourire complice, d’une réflexion partagée à une caisse, au vestiaire, au chantier ? Les travailleurs ont ainsi commencé à réapprendre, à apprendre en fait pour la plupart, qu’ils font partie d’une même classe, qu’ils constituent une force, qu’ils ont des intérêts communs face à la classe capitaliste et que les institutions sont faites contre eux.

Cette conscience de classe qui se réveille, résultat et combustible de ces mois de lutte, peut et doit se renforcer dans les épreuves et les luttes qui s’annoncent.

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