Grande-Bretagne : les grèves pour des salaires continuent03/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2857.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : les grèves pour des salaires continuent

Quoi que prétende le gouvernement Sunak, la hausse du coût de la vie en Grande-Bretagne reste très élevée. C’est pourquoi, en dépit de son incessante propagande antiouvrière, le nombre de grèves pour exiger des meilleurs salaires se maintient lui aussi à un haut niveau.

D’après les porte-parole gouvernementaux, les prix devraient se stabiliser fin 2 023. Ils se permettent donc d’affirmer que les revendications salariales n’ont plus vraiment lieu d’être. Ces gens-là n’ont aucune honte, alors que le bas niveau des salaires et des pensions pousse de plus en plus de personnes à travailler au-delà de l’âge légal de la retraite (66 ans pour les hommes et les femmes). En 2022, on comptait même un demi-million de travailleurs de plus de 70 ans. Quant à la hausse des prix, elle s’élève à 13 % sur un an et à 19 % pour la nourriture, alors que le pouvoir d’achat des salaires a baissé d’un tiers depuis 2008.

Le mois d’avril a été marqué par une grève de quatre jours des internes, qui avaient déjà fait grève trois jours en mars. Représentant plus de 50 % des médecins hospitaliers, ils s’estiment à juste titre surmenés et sous-payés, car leur salaire a perdu un quart de son pouvoir d’achat depuis 2008. Leur revendication d’une augmentation de 35 %, jugée irréaliste par le gouvernement, est largement soutenue dans l’opinion publique, qui sait que le système public de santé (le NHS), en crise profonde, ne tient que grâce à ses travailleurs.

Mardi 2 mai, c’était au tour des enseignants d’Angleterre et d’Irlande du Nord de se mettre en grève pour la cinquième fois depuis début 2023. Une école sur deux devait être fermée. Leurs syndicats refusent l’augmentation de salaire de 4 % avancée par le gouvernement, car elle équivaudrait à une baisse du salaire réel. Instituteurs et professeurs protestent aussi contre le manque de moyens dans le primaire et le secondaire, où les effectifs par classe ont explosé ces dernières années, du fait de la pénurie d’enseignants.

Quant aux infirmières, elles ont refait grève le 30 avril et le 1er mai. La prolongation de leur grève jusqu’au 2 mai a été interdite par le gouvernement, sur la base d’une argutie juridique. Cela confirme sa détermination à user de tous les moyens contre une contestation qu’il continue de craindre. Enfin, du 1er au 6 mai, des dizaines de milliers de fonctionnaires devaient se mettre de nouveau en grève à l’appel du syndicat des services publics.

La vague de grèves amorcée en juin dernier ne s’essouffle donc pas. En même temps, de nombreux travailleurs sont frustrés par la façon dont les dirigeants de leurs syndicats gèrent cette remontée de la combativité. Car, depuis des mois, ils ont été des centaines de milliers à faire grève en pointillé, les uns après les autres, ou les uns à côté des autres, sans que les états-majors syndicaux proposent un mouvement d’ensemble. Ainsi les conducteurs de train syndiqués au RMT seront en grève le 13 mai, mais les conducteurs syndiqués à l’ASLEF la veille ! La conséquence de cet émiettement systématique des luttes, c’est qu’aucune avancée majeure n’a encore été arrachée. Voilà le bilan des prétendus stratèges à la tête des appareils comme Unite et Unison, pourtant forts de plus d’un million d’adhérents chacun.

Chez les cheminots, les postiers et les infirmières, l’heure est à de nouvelles consultations. En effet, du fait d’une loi introduite en 2016, quand des syndiqués se prononcent en faveur de la grève, leur vote ne donne mandat au syndicat que pour six mois. Or l’inefficacité des grèves jusqu’à présent pourrait détourner certains de ce choix. Les grèves sont pourtant la seule voie à suivre, à condition qu’elles soient prises en main par les travailleurs eux-mêmes. Unis, leur force serait irrésistible

En attendant, samedi 6 mai, des millions seront jetés par les fenêtres à l’occasion du couronnement de Charles III. Et les grands groupes du FTSE 100 (le CAC 40 britannique) versent des milliards à leurs actionnaires. Les travailleurs d’outre-Manche ont bien raison de réclamer leur dû !

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