Dans le monde

Ukraine : revers de fortune…

Le magazine Forbes a également établi un hit-parade de la fortune pour l’Ukraine. Il est moins brillant que celui de la Russie car l’Ukraine ne compterait plus « que » sept milliardaires en dollars. La fortune cumulée de ces milliardaires, qui a chuté de 45 % en un an de guerre, aurait encore plus sombré s’ils n’avaient placé avant la guerre une grande partie de leur fortune en Occident et dans des paradis fiscaux.

La chute la plus spectaculaire concerne l’ancien président Porochenko (2014-2019), surnommé le « roi du chocolat » parce qu’il a bâti un empire dans la confiserie, Roshen. Bien sûr, à l’heure des bombardements massifs, il y a d’autres priorités pour la population que d’acheter des bonbons, surtout quand des usines dudit Porochenko en ont souffert. Du coup, le prédécesseur de Zelensky ne « vaudrait » plus que 750 millions de dollars, selon Forbes. Pas sûr que cela fasse verser une larme dans la population, qui avait fini par tellement haïr Porochenko, caricature du politicien affairiste prêt à tout pour s’enrichir sur le dos de la majorité, que les électeurs avaient, pour le remplacer à la présidence, choisi un acteur quasi inconnu qui promettait de mettre un terme à la corruption en grand du pouvoir. Prudent, Porochenko avait alors fui à l’étranger…

Même si la guerre a quelque peu aussi écorné sa fortune, l’homme le plus riche du pays est Rinat Akhmetov, avec près de 4 milliards et demi de dollars. Originaire de Donetsk, il a bâti sa fortune en 1992 alors que l’URSS venait de s’effondrer, en se lançant dans des affaires plus ou moins mafieuses de vente et revente du coke et de l’acier du Donbass, mais en s’abritant toujours sous l’aile d’alliés siégeant au sommet du pouvoir.

Longtemps considéré comme pro-russe, parce qu’il avait des liens étroits avec les oligarques russes et Moscou, et avec plusieurs présidents ukrainiens dits pro-Kremlin, Akhmetov a toujours su s’adapter aux zigzags politiques. Ainsi en 2005, quand le pouvoir « orange », celui pro-occidental du président Iouchtchenko et de sa Première ministre Tymochenko, annula son achat de la plus grande entreprise du pays, l’aciérie Kryvorijstal qu’il avait raflée pour une bouchée de pain. Mais aussi en 2017, quand cette fois c’est le camp opposé, en l’occurrence les autorités pro-russes du Donbass, qui a réquisitionné 43 entreprises qu’il possèdait dans la région. Une grosse perte qui ne l’a pas empêché de continuer à prospérer grâce à sa holding SCM et surtout à ses liens avec le pouvoir. Ainsi, en mars dernier, il s’est vanté dans une interview « d’aider l’armée et les forces territoriales » ukrainiennes dans la guerre.

Visiblement, il en récolte les dividendes, mais pas les éclats d’obus : il les laisse à ceux qu’il « aide »… à se battre pour lui, pour ses pareils et leurs parrains occidentaux.

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