Salaire de Tavares : deux cents fois moins que la rente des actionnaires19/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Salaire de Tavares : deux cents fois moins que la rente des actionnaires

Carlos Tavares, le patron du groupe Stellantis (fusion de Peugeot-Citroën et de Fiat-Chrysler), devrait encaisser pour 2022 la somme exorbitante de 23,5 millions d’euros de salaire, la part variable restant encore inconnue. Quant à ceux qui peuvent payer en millions leur PDG, ils ont gagné, eux, des milliards !

Contrairement à l’an dernier, l’assemblée générale des actionnaires – dont l’avis n’est que consultatif car les vrais décideurs siègent au conseil d’administration – a approuvé cette rémunération, tant ils sont satisfaits des exploits de Tavares. En effet le groupe Stellantis a réalisé en 2022 un bénéfice record de 16,8 milliards d’euros, dont 4,2 milliards consacrés aux dividendes distribués aux actionnaires, et 1,5 milliard à des rachats d’actions, ce qui permet à chacun d’entre eux de détenir une plus grande proportion des actions du groupe, et de faire grimper l’action en bourse. Pour la famille Agnelli, premier actionnaire de Stellantis avec 14 % du capital, ou la famille Peugeot avec 7 %, cela représente des centaines de millions de dividendes qui viennent s’ajouter à leur fortune calculée en milliards.

En 2021 Tavares avait déjà défrayé la chronique avec 19,1 millions d’euros et plusieurs dizaines de millions en part variable. Cette année, ses 23,5 millions d’euros représentent 64 328 euros par jour, samedis et dimanches compris. Quand les commentateurs affirment que cela équivaut au salaire annuel moyen d’un salarié dans le groupe Stellantis, ils omettent de dire qu’en France un ouvrier y gagne moins de 2 000 euros par mois, primes d’équipe comprises, même après des années d’ancienneté, soit moins de 25 000 euros annuels. Tavares a donc gagné en réalité, sans les primes, autant que mille ouvriers. Mais il ne faut pas oublier que les vrais patrons, les actionnaires, touchent pendant ce temps, rien qu’en dividendes annuels, autant que le salaire annuel de 175 000 ouvriers.

Évidemment, ce n’est pas aux travailleurs qui fabriquent les voitures qui enrichissent ces messieurs qu’on demande leur avis sur les rémunérations. Pourtant, c’est bien la différence entre leur travail journalier et leur salaire qui permet de payer de telles sommes aux directeurs et PDG, et surtout d’engraisser les principaux actionnaires.

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