École privée : subventionnée pour ségréguer19/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

École privée : subventionnée pour ségréguer

Une des questions les plus sensibles de l’enseignement est la concentration d’élèves en difficulté dans les collèges et lycées des banlieues populaires, par ailleurs sous-dotés, sous-équipés et manquant cruellement de personnel dans tous les domaines.

Le ministre Pap Ndiaye a donc demandé aux établissements privés, qui sélectionnent leurs élèves, de bien vouloir accueillir une partie des jeunes des quartiers populaires. Le ministre fait appel à l’esprit républicain de l’enseignement privé, presque exclusivement catholique, et lui vante les vertus pédagogiques et humaines de la mixité sociale.

La réponse n’a pas tardé : les établissements privés refusent catégoriquement qu’on leur impose quelque élève que ce soit. Ils ne veulent que les gosses de pauvres qu’ils ont eux-mêmes choisis et dont l’État couvre jusqu’au bout les frais de scolarité. La mixité sociale évoquée par les ministres successifs, qui consisterait à mélanger les enfants des beaux quartiers et ceux des banlieues ouvrières, n’existe que dans les cours d’éducation civique. C’est à ce titre moral seulement que la mixité sociale est invoquée dans l’enseignement privé, tout financé par l’État qu’il est. Pour le reste, la ségrégation sociale est le pain quotidien de ces écoles, leur principal argument de vente et leur raison d’être, comme l’ont clamé sur toutes les ondes les porte-parole officiels ou bénévoles du secrétariat général à l’enseignement privé, avec ou sans soutane, de l’écurie Dassault ou du trust Bolloré.

Cette ségrégation ne peut que se renforcer au fur et à mesure de la dégradation des conditions de vie dans les quartiers populaires et de la montée des préjugés sociaux. Cela ne devrait pas surprendre l’historien et sociologue Pap Ndiaye, qui le sait sans doute parfaitement.

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