“Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés” (Jacques Prévert)23/03/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/03/P5-1_Pancarte_les_vraies_ordures_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

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“Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés” (Jacques Prévert)

Depuis le 7 mars, les éboueurs et égoutiers de la mairie de Paris et les travailleurs des centres d’incinération d’Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen sont en grève.

Illustration - “Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés” (Jacques Prévert)

Les grévistes ont été rejoints par les éboueurs de Pizzorno, prestataire privé qui collecte notamment les déchets du 15e arrondissement.

Les grévistes rejettent la réforme des retraites, qui repousse l’âge légal de départ de 57 à 59 ans pour ceux du public, et à 64 ans pour ceux du privé. Tous dénoncent les bas salaires, les conditions de travail, la poussière, le bruit, les maux de dos, les horaires harassants. Ils rappellent : « Nous avons douze ans d’espérance de vie en moins pour les éboueurs, et sept ans en moins pour les égoutiers ».

Les ordures s’entassant dans Paris, la propagande antigrève a battu son plein. Les grévistes ont d’abord été accusés d’être responsables de la prochaine épidémie. Puis, au lendemain de la première manifestation place de La Concorde, le ministre de l’Intérieur Darmanin a déclaré sans rire que les poubelles étaient « devenues des armes, qu’il faut retirer de l’espace public ». Après la calomnie, il y a eu la menace : le 16 mars, le préfet de police a procédé à des réquisitions. Les 16 et 17 mars, les gendarmes ont débarqué au dépôt de Pizzorno, à Vitry-sur-Seine puis à l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine, distribuant coups de matraques et gaz lacrymogène. Le 17 mars, le ministre de l’Intérieur claironnait : « Dès ce matin, la réquisition fonctionne et permet de ramasser les poubelles. »

Des désirs de Darmanin à la réalité, il y a loin. Depuis le début, les grévistes se sont organisés pour déjouer les manœuvres des patrons et de l’État. D’abord, ils ont su s’adresser aux non-grévistes et les appeler à rejoindre le combat. Ainsi, les travailleurs de Derichebourg, prestataire privé, ont cessé le 15 mars la collecte sanitaire d’urgence effectuée à la demande de la maire de Paris. De même, quand la direction de Pizzorno a fait venir des éboueurs du Var pour ramasser les poubelles parisiennes, les grévistes ont répliqué en occupant leur dépôt jour et nuit, pour empêcher les camions-bennes de sortir. De plus, la réquisition n’a pas mis fin au mouvement. Dans le 15e arrondissement, même après les premières réquisitions, l’embarras du maire LR restait entier : l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux étant en grève, il fallait acheminer les déchets jusqu’à celui de Romainville, à 20 kilomètres de là ! Enfin, à Ivry et à Vitry, les gendarmes ont été tenus en respect, voire ont rebroussé chemin face aux grévistes, nombreux et déterminés.

Malgré les menaces, la répression et les réquisitions, les travailleurs continuent à se battre.

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