Leur société

Mayotte : la chasse aux pauvres

Sous prétexte de lutter contre l’habitat insalubre, la préfecture de l’île de Mayotte voulait entreprendre la destruction d’un bidonville construit sur une colline du nord.

Mais faute de proposition de relogement, obligatoire selon la loi Élan, le juge des référés du tribunal administratif a suspendu le projet de démolition mardi 1er mars… la veille de la visite du ministre du Logement.

Lors de l’audience, les représentants de la préfecture, autrement dit de l’État, avaient pourtant essayé de faire passer le projet, en proposant... une dizaine de relogements. Les quelque 500 habitants du ­quartier menacés de se retrouver à la rue, dont certains vivent là depuis trente ans, ne pouvaient évidemment pas accepter une pareille provocation.

L’habitat insalubre est un prétexte tout trouvé pour faire la chasse aux pauvres, à commencer par les immigrants comoriens qui, à bord de leurs kwassas-kwassas (des barques de pêcheurs) tentent de gagner Mayotte, dans l’espoir d’y vivre un peu mieux. Lors de sa visite du 15 septembre pour soutenir les élus réactionnaires de l’île, le ministre de l’Intérieur Darmanin s’était félicité d’avoir durci les conditions d’entrée des immigrants, en augmentant les forces de police et les bateaux intercepteurs. Il envisageait aussi de modifier le droit du sol afin de rendre plus difficile l’accès à la nationalité française, en exigeant qu’un des parents soit résident depuis au moins un an avant la naissance de l’enfant au lieu de trois mois, ce qui était déjà une exception par rapport au reste de l’État français.

Parallèlement, sous prétexte de lutter contre la criminalité, les services de la préfecture s’acharnent contre les cabanes en tôle où vivent les Mahorais ainsi que les migrants sans proposer de relogement, comme dans le cas du quartier de Koungou dont les habitants avaient protesté.

Mayotte est de loin le département le plus pauvre de France, l’espérance de vie y est la plus faible, les salaires inférieurs à ceux de la métropole, les services de santé et d’éducation des enfants plus qu’insuffisants, tandis que le chômage explose : en 2022, il atteignait 34 % de la population, soit 4,5 fois la moyenne européenne.

Améliorer les conditions de vie des Mahorais n’est pas dans le programme du gouvernement. Sa politique consiste à écraser les plus pauvres, jusqu’à les chasser de leurs habitations de fortune.

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