Airbus Helicopters – Marignane : des débrayages qui ne passent pas inaperçus15/03/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/03/P15_Contre_la_reforme_des_retraites_a_Marseille_le_7_fevrier_C_LO.jpg.420x236_q85_box-2%2C0%2C798%2C448_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus Helicopters – Marignane : des débrayages qui ne passent pas inaperçus

Début mars, plusieurs débrayages se sont succédés à l’usine Airbus Helicopters de Marignane, réunissant chaque fois entre 90 et 140 personnes, avec des prises de parole de travailleurs de différents secteurs.

Illustration - des débrayages qui ne passent pas inaperçus

La mobilisation a commencé en janvier contre le recul de l’âge de la retraite à 64 ans. Près de 600 salariés, ouvriers, techniciens et cadres, ont participé à des journées de manifestation sur Marseille. Mais les discussions se poursuivent sur les salaires insuffisants, les conditions de travail et la pression qui s’intensifie, ainsi que sur le nouvel accord Reload.

Signé par tous les syndicats du groupe Airbus, sauf la CGT, cet accord devrait s’appliquer au 1er janvier 2024 et suscite beaucoup d’inquiétudes, car il remet à plat le temps de travail et les rémunérations. Perte du flexible qui permet de moduler les horaires, jours de RTT en moins, pauses qui ne seraient plus payées, mais aussi salaire lié au poste occupé et non plus aux qualifications, etc., la liste des reculs annoncés est longue, et la direction maintient le flou sur le reste.

Du coup, le mécontentement monte. Jeudi 2 mars, sur la chaîne Écureuil, une trentaine d’ouvriers qui voulaient des explications sur les futures classifications ont débrayé et sont montés au local de la CGT. Un débrayage commun à d’autres secteurs de la production était proposé pour le lendemain. Tout le NH, une autre chaîne de fabrication d’hélicoptères, y a participé, ainsi que des ouvriers venant de la mécanique ou de la maintenance.

À partir du mardi 7 mars, des débrayages d’une heure ont eu lieu chaque matin au centre de l’usine. Ils sont passés de 90 à 140 participants le 9 mars. La présence d’une quinzaine de femmes de ménage d’une entreprise sous-traitante a été remarquée, mais aussi l’intervention d’un intérimaire qui dénonçait leur situation précaire.

Bien sûr, la plupart des participants avaient conscience qu’il faudrait être bien plus nombreux pour se faire entendre de la direction. Certains ont réussi à entraîner d’autres ouvriers de leur entourage à ces rassemblements, qui sont devenus des assemblées générales, où chacun pouvait prendre la parole avec son cœur et ses mots pour dire sa colère, affirmer ses revendications. Seule la CGT a apporté son soutien, son secrétaire était présent. Mais, qu’ils soient syndiqués ou non, et quel que soit leur syndicat, tous considéraient que les débrayages étaient d’abord leur œuvre collective et que la démocratie qui s’y exprimait était précieuse.

La revendication qui revenait était la nécessité d’augmenter les salaires de tous, embauchés, intérimaires et sous-traitants, d’au moins 300 euros net. Beaucoup témoignaient de l’aggravation de l’exploitation, des inquiétudes et incompréhensions liées à Reload. Dans un premier recul, la direction a annoncé que les pauses seraient finalement payées.

Toute la semaine, des délégués syndicaux, qu’on n’avait pas vus appeler aux manifestations nationales, sont passés dans les ateliers dire qu’on ne peut pas débrayer ainsi. Des chefs dénonçaient une prétendue manipulation. Un directeur a même lancé dans un secteur mobilisé que, si les débrayages continuaient, un gros contrat serait perdu au profit d’un site allemand, mais le chantage est tombé à plat.

Ces expériences, comme les discussions des derniers jours, sont dans toutes les têtes. Et comme une clause de revoyure des réunions sur les salaires pour rattraper l’inflation de 2022 est prévue prochainement, chacun se dit qu’il faudra faire entendre à nouveau la revendication de 300 euros net pour tous.

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