Hôpitaux de Paris (AP-HP) : pas de silence dans les rangs08/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux de Paris (AP-HP) : pas de silence dans les rangs

Un quatrième rassemblement de soutien à Aurélie Jochaud, avec comme à chaque fois plus d’une centaine de personnes, s’est tenu le 6 mars.

La direction de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), ne supporte pas que des soignants aient clairement exprimé que le sous-effectif perturbait la bonne marche de leur service.

Aurélie, infirmière à l’hôpital Saint-Antoine, déjà convoquée à un entretien disciplinaire, bénéficie heureusement d’un large soutien de ses collègues et de son syndicat, la CGT. Le rassemblement du 6 mars s’est tenu devant la salle de l’hôpital Saint-Antoine où était prévue une réunion du CSE central de l’AP-HP, auquel elle est élue. Les représentants de la CGT, ainsi que de FO et de SUD, ont exigé que la menace de sanction soit immédiatement levée.

Le directeur général de l’AP-HP, Revel, n’a pas osé se montrer – la séance du CSE a été reportée – et encore moins affronter ceux qui protestaient à l’extérieur. Mais son adjointe a dit qu’Aurélie écoperait d’un avertissement, la plus petite des sanctions. Le rassemblement s’est clos au cri de : « Pas de sanction pour Aurélie ».

Dans cette affaire, c’est la dénonciation du sous-­effectif permanent à l’hôpital qui gêne la direction. Non pas qu’elle le nie : Revel a reconnu publiquement qu’il manquait au moins mille infirmiers dans les 39 hôpitaux qu’il dirige, sans parler des autres catégories d’hospitaliers. Il prétend même restaurer l’attractivité de l’AP-HP… tout en sanctionnant une infirmière.

Mais les dirigeants du système hospitalier craignent que les salariés parlent ouvertement de leurs conditions de travail déplorables et des paies toujours à la traîne de l’inflation. Ils ne veulent pas que les hospitaliers dénoncent le sous-effectif et ses causes – notamment l’étranglement financier des hôpitaux publics – et encore moins qu’ils songent à s’organiser et à agir collectivement contre cette situation.

Le contexte général de la lutte contre la réforme des retraites inquiète aussi certainement la direction de l’AP-HP, qui parie sur la résignation des travailleurs hospitaliers. Comme l’a déclaré Aurélie : « Elle voudrait qu’on baisse la tête et qu’on accepte tout. Eh bien non ! »

La mobilisation amorcée à Saint-Antoine, avec un écho dans d’autres hôpitaux de l’AP-HP, a imposé un recul à la direction. Certes il reste une sanction symbolique, qui ne peut toutefois pas camoufler le succès de ceux qui se sont dressés contre cette injustice. C’est un encouragement, bien au-delà de Saint-Antoine, à reprendre le chemin de la contestation la plus large.

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