Sécheresse : une catastrophe annoncée01/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2848.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sécheresse : une catastrophe annoncée

Gouvernement et agriculteurs alertent de nouveau sur le risque de sécheresse grave dans les mois qui viennent, alors que le pays vient de connaître un record avec 32 jours sans vraies pluies.

L’agriculture est la première consommatrice d’eau, et même à 80 % entre juin et août. Le secteur n’a pas pour autant été adapté, préparé à ces situations désormais inévitables. Des choix de cultures alternatives et des solutions techniques existeraient. Mais ils sont incompatibles avec les objectifs de profits des gros agriculteurs et des capitalistes de l’agroalimentaire, et inaccessibles aux nombreux petits agriculteurs pris à la gorge par ces derniers.

La gestion de l’eau est également une manne à profits privés. Elle est confiée pour l’essentiel à quelques grands groupes : Suez, Veolia et Saur principalement, qui ne voient que la rentabilité à court terme et limitent les dépenses destinées à l’entretien du réseau d’eau.

Une part importante des canalisations d’eau sont vieillissantes, dépassant parfois soixante ans. Cela entraîne non seulement une dégradation de la qualité de l’eau, mais aussi des déperditions : 20 % de l’eau est perdue à cause des fuites. Ces dernières représentent même 70 % dans certains départements. La somme nécessaire pour réparer les canalisations aux Antilles a été évaluée à près de 1 milliard d’euros. Une somme que l’on peut comparer aux 13 milliards d’euros dépensés en 2022 par le numéro un de l’eau en France, Veolia, pour racheter son concurrent Suez.

Dans l’agriculture comme dans la gestion des eaux, le profit privé prime. La seule solution envisagée par le gouvernement est de faire la morale et d’annoncer des restrictions aux particuliers, telles que renoncer à laver sa voiture ou arroser un peu moins les jardins. Un remède ridicule, quand on sait que ces usages ne représentent que 6 % de l’eau potable utilisée.

Affronter les problèmes de sécheresse impliquerait un plan pour réorganiser la gestion de l’eau en fonction des intérêts de l’ensemble de la population, et non pas du profit immédiat. Autant dire que ce n’est guère possible dans cette société.

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