Israël-Palestine : les violences de l’extrême droite et des colons01/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2848.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : les violences de l’extrême droite et des colons

La ville palestinienne d’Howwarah, située dans le nord de la Cisjordanie, a été attaquée dans la soirée du dimanche 26 février par des groupes de colons, devant des militaires israéliens passifs, voire complices.

Plusieurs centaines de personnes, venant des ­colonies israéliennes ­implantées autour d’Howwarah, ont pu en toute impunité se livrer à un pogrom anti- palestinien, saccageant et incendiant de nombreux ­bâtiments, détruisant une centaine de voitures et ­blessant une centaine de personnes. Un Palestinien a trouvé la mort, victime, d’après ses proches, des tirs de soldats israéliens.

Ce déchaînement de violence des colons intervient après que deux d’entre eux ont été tués par un tireur palestinien. Mais cet attentat faisait lui-même suite à un raid mené par l’armée israélienne à Naplouse mercredi 22 février, qui a fait onze morts et une centaine de blessés, ce qui en fait le plus meurtrier depuis 2005.

Une fois n’est pas coutume, les autorités américaines ont exprimé leur condamnation de l’attaque d’Howwarah, qualifiée de « totalement inacceptable » par le porte-parole du département d’État, Ned Price, lors d’une conférence de presse. « Nous attendons du gouvernement israélien qu’il veille à ce que les responsables de ces attaques répondent pleinement de leurs actes et qu’ils soient poursuivis en justice », a-t-il ajouté. D’après la police israélienne, seuls huit colons auraient été arrêtés, et six ont déjà été libérés. Les colons continuent donc de bénéficier d’une quasi totale impunité.

Il n’en reste pas moins que l’administration américaine semble se préoccuper d’éviter une révolte générale des Palestiniens, à l’image des Intifada des années 1980 et 2000. Ainsi, sous la pression de Washington, un sommet régional s’est tenu dimanche 26 février à Aqaba, en Jordanie, en présence de responsables israéliens, palestiniens, jordaniens, égyptiens et américains. Ils se sont engagés à « prévenir toute nouvelle violence » et à œuvrer en vue d’une « désescalade », selon les termes du communiqué final, notamment en arrêtant les « mesures unilatérales pendant une période de trois à six mois. »

Mais quelles que soient ses intentions, même le Premier ministre Benjamin Netanyahou n’a pas les mains libres. Pour disposer d’une majorité à la Knesset, le parlement israélien, et rester au pouvoir, il a besoin du soutien de l’extrême droite, qui compte ainsi plusieurs ministres dans le gouvernement. Et ceux-ci ne se sont pas gênés pour exprimer leur désaccord : « Je ne sais pas de quoi on parlait ou pas en Jordanie », a réagi l’un d’entre eux. Un autre, dirigeant du parti d’extrême droite Sionisme religieux, a déclaré : « il n’y aura pas de gel des constructions et des développements dans les implantations, même l’espace d’une journée, et c’est sous mon autorité. »

L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir et son influence de plus en plus décisive sur la politique du gouvernement suscite l’inquiétude dans une partie de la population. Depuis des mois, des manifestations ­réunissant des dizaines de milliers de personnes ont lieu chaque samedi pour s’opposer au projet de réforme du système judiciaire. Ceux qui manifestent craignent, à juste titre, que la diminution des pouvoirs de la Cour suprême permette aux partis d’extrême droite d’accroître leur emprise sur la vie politique et sociale.

Il est vrai que parmi les initiateurs des manifestations figure l’ancien Premier ministre de droite Yair Lapid, qui cherche à ­revenir au pouvoir en confortant son image d’opposant à Netanyahou. Mais, parmi ceux qui manifestent, beaucoup se préoccupent sincèrement de s’opposer à cette évolution. Certains d’entre eux dénoncent ainsi « le gouvernement des colons qui met le pays à feu et à sang ». Mais, pour ouvrir une perspective différente, mettre en avant la défense d’une démocratie qui n’a jamais existé pour les Palestiniens ne suffira pas.

Le seul espoir pour la population israélienne de ­sortir de l’impasse sanglante dans laquelle ses dirigeants l’ont conduite implique de remettre en cause des politiques de colonisation, de spoliation menées à l’égard des Palestiniens par l’État israélien depuis sa naissance et de se débarrasser des dirigeants qui la conduisent. Il n’y a pas d’autre moyen pour réussir à vivre ensemble sur la terre de Palestine.

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