États-Unis : l’industrie militaire touche le gros lot01/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2848.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : l’industrie militaire touche le gros lot

Le conflit en Ukraine et les perspectives de guerre ailleurs dans le monde font des heureux chez les marchands de canons. Ceux des États-Unis décrochent le pompon.

Il faut dire que le budget militaire américain s’élève pour 2023 à 858 milliards de dollars, un record historique. Cela représente 38 % des dépenses mondiales cumulées, alors que la population américaine ne représente que 4 % de celle de la planète. Par comparaison, la Chine aujourd’hui dénoncée, et dont la population est quatre fois supérieure à celle des États-Unis, dépense quelque 300 milliards de dollars pour sa défense. La Russie y a consacré 66 milliards en 2022, soit douze fois moins que les États-Unis. Par ailleurs, le Congrès américain a approuvé 112 milliards d’aides à l’Ukraine, dont une bonne part en assistance militaire. Taïwan va aussi recevoir 18 milliards de dollars pour s’équiper contre la Chine.

Les premiers bénéficiaires de cette manne sont des industriels américains. Dans le monde, les cinq plus grandes compagnies d’armement sont basées aux États-Unis : Lockheed Martin, Raytheon, Boeing, Northrop Grumman et General Dynamics. Les industriels européens sont loin derrière, et Airbus, qui produit des avions militaires, se trouve à la 14e place de ce classement, avec des ventes six fois inférieures à celles de Lockheed.

Raytheon, qui fabrique les missiles antiaériens Stinger et, avec Lockheed, les missiles antichars Javelin, a recruté 30 000 salariés en 2022, soit 20 % d’effectifs en plus. « Nous avons vendu ces dix derniers mois autant de missiles Stinger qu’en six ans », se réjouissait en décembre le PDG de Raytheon, la compagnie ayant exporté 1 600 de ses missiles vers l’Ukraine.

Lockheed Martin produit notamment des F-35, un avion de combat équipant une quinzaine de pays, l’Allemagne et la Suisse venant de passer les dernières commandes. La firme produit également des lance- roquettes multiples Himars, qui tirent à 80 km, et que les États-Unis livrent également à l’Ukraine. La production tourne maintenant jour et nuit, sept jours sur sept, pour passer de 60 à 96 systèmes par an. Northrop, qui fabrique des bombardiers, des munitions et des systèmes spatiaux, a également vu ses commandes exploser. Chiffre d’affaires, bénéfices et cours des actions : tous les voyants sont au vert.

Dans un discours contre la guerre, en juin 1918, le socialiste américain Eugene Debs rappelait qu’au Moyen-Âge, « quand les seigneurs féodaux voulaient agrandir leur domaine, accroître leur puissance, leur prestige et leur richesse, ils se déclaraient la guerre », mais c’étaient les pauvres qui la faisaient. Les seigneurs des temps modernes, les « barons de Wall Street », ajoutait-il déjà, en font autant. C’est toujours le cas.

Partager